Festival d’Automne à Paris. « Andreas » Jonathan Châtel d’après la première partie du « Chemin de Damas » d’August Strindberg. La Commune centre dramatique national

Article de Dashiell Donello

« Andreas » un jeu de rêve d’un coin de rue à l’asile

Le Chemin de Damas, écrit en 1898, serait dit-on, celui de Strindberg lui-même dans l’acte d’écrire une histoire plus réelle, plus dense que sa propre vie. Pour trouver le repos de son esprit, l’Inconnu, personnage principal d’un « jeu de rêve * », parcourt des étapes initiatiques, entre fiction et réalité, d’un coin de rue à l’asile et vice versa.
Ma position de spectateur ne serait-elle aussi qu’une fiction hallucinée ? Les symboles ont la vie dure. Trouver mon propre chemin de Damas, avec l’obsessionnelle pensée d’une trop célèbre marque suédoise, ne va pas être chose aisée.

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Dans le noir de la scène du théâtre de la Commune, quelques éléments du décor figurent un espace indéfini. Ils sont en bois. Semblent flotter comme des icebergs d’un légo improbable. Trouver la paix intérieure du spectateur que je suis, avec la pensée d’une scénographie parasitée par la marchandisation mondiale, donne raison au protagoniste de la pièce d’August Strindberg, quand il dit si justement : « Il y a des moments où je doute que la vie soit plus réelle que mes fictions ».
Tout comme l’auteur suédois, je doute de la réalité de cet Andreas d’après la première partie de la trilogie Chemin de Damas, de Jonathan Châtel. Si j’admets volontiers la relation d’amitié que porte le metteur en scène aux textes, je suis moins sûr de son traitement sur le fond. Le déclic dit-il, s’est fait sur l’identité mystérieuse de l’Inconnu. Mais l’Inconnu, hors de son ensemble, n’est-il pas réduit à une succession de scènes qui, sans les deux autres parties, rend le personnage orphelin du sens même de sa quête ?
« J’ai fondé mon adaptation autour de la première partie du Chemin de Damas car c’est la plus nette de la trilogie et sa structure me touche. J.C ».

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Qui doit-on toucher ? Soi-même ou le public ? Jonathan Châtel semble s’excuser de ce condensé en faisant témoigner Strindberg qui laissait libre le metteur en scène de couper, ou de modifier sa pièce. Certes, mais dans l’intégrité de l’œuvre. L’amputation voulue par Jonathan Châtel, annihile la structure progressive de la pièce et l’alourdit dû à l’handicap que ce dernier lui inflige.
Heureusement la beauté poétique de l’écriture de Strindberg et le jeu charismatique de Pierre Baux, sauvent de l’ennui un public mitigé et donnent l’envie irrépressible de lire ou relire Chemin de Damas.
* Sous-titre « un jeu de rêve »

Andreas d’après la première partie du Chemin de Damas d’August Strindberg
Jonathan Châtel
Mise en scène, adaptation et traduction, Jonathan Châtel
Avec Pauline Acquart, Pierre Baux, Thierry Raynaud, Nathalie Richard
Collaboration artistique, Sandrine Le Pors
Scénographie, Gaspard Pinta
Lumière, Marie-Christine Soma
Costumes, Fanny Brouste
Musique, Étienne Bonhomme
Assistant à la mise en scène, Enzo Giacomazzi

Jusqu’au 15 octobre, mardi et merdredi 19h30, jeudi et vendredi 20h30, vendredi 2 octobre 19h, samedi 18h, dimanche 16h, relâche lundi

LA COMMUNE CENTRE DRAMATIQUE NATIONAL D’AUBERVILLIERS
2 Rue Edouard Poisson
93300 Aubervilliers
01 48 33 16 16
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