« ALICE IN THE WONDERBOX », entre piège virtuel et aventure initiatique

Alice in the Wonderbox de la compagnie Mangano-Massip © Gilles Dantzer/Alice/BAMG

Prise dans un piège urbain bétonné, délaissée par des parents incapables de se retrouver authentiquement, Alice passe son temps à se projeter dans des fantasmes d’évasion. Son ordinateur est à la fois le lapin qui l’y emmène et le chat qui l’y perdra.
Dans cette réécriture très libre d’Alice au pays des merveilles, la compagnie Mangano-Massip questionne la place du virtuel dans la construction de l’identité à travers les technologies qui y sont liées. Leur recherche constante d’hybridation du théâtre corporel, où dialoguent l’objet, la marionnette, le masque, la danse-contact et le cirque, incorpore pour la première fois des composantes virtuelles, selon un enjeu central où le théâtre gestuel a tout son sens, et qui peut se résumer par une dichotomie : corps physique vs corps virtuel.

La première partie reprend le motif du miroir pour interroger la possibilité de la rencontre via l’interface, ainsi que le rapport à sa propre image : l’âge adolescent où on découvre la possibilité de vieillir, et où l’enfance devient plus proche d’une idée que de la réalité – ce qui donne lieu à la rencontre d’un triple corps entre Alice (Barbara Mangano), sa version vieillissante (Sara Mangano) et la marionnette-enfant. C’est à ces boîtes du déterminisme qu’Alice cherche à échapper, et c’est en y parvenant qu’elle tombe finalement dans le chaos du pays virtuel qui pulvérise ses repères.
Le point faible du spectacle est peut-être son parti pris très négatif sur le sujet, et qui déplace le récit vers une structure de descente aux enfers plus semblable à celle du chaperon rouge. Créée à destination des jeunes publics, la pièce cède par endroits à l’urgence de la prévention.

Mais là n’est pas son ambition, ainsi que le montre sa force de propositions scénographiques, qui usent des formes du mime, du masque et de la danse-contact pour penser la place du corps dans l’expérience virtuelle. En découle une grande variété de formes qui fonctionnent comme des variations autour du concept de boîte – trop petite dans la réalité, apparemment infinie dans le virtuel – et de l’écran-projecteur face au corps projeté. Ces nombreuses idées esthétiques sont portées par une virtuosité technique rare, qui permet aux comédiens d’explorer les frontières de leur palette transdisciplinaire, et qui intègre avec brio des éléments de projection pour en faire des masques, des marionnettes ou encore des cages. Alice in the wonderbox oscille ainsi constamment entre un spectacle pédagogique destiné aux classes et une authentique expérience sur la réappropriation de ces esthétiques technologiques qui nous formatent sans qu’on y pense. Un spectacle qui mériterait une plus large programmation.

Alice 6 Gilles Dantzer
Alice 2 Gilles Dantzer
Alice 7 Gilles Dantzer
Alice 4 Gilles Dantzer
Alice 3 Gilles Dantzer
Alice 5 Gilles Dantzer

Alice in the Wonderbox de la compagnie Mangano-Massip © Gilles Dantzer/Alice/BAMG

Informations pratiques

ALICE IN THE WONDERBOX Création 2020
Biennale des Arts du Mime et du Geste, 4ème édition du 13 novembre au 19 décembre 2021

Mise en scène, écriture et chorégraphie
Sara Mangano et Pierre-Yves Massip

Interprétation
Sara Mangano, Pierre-Yves Massip, Barbara Mangano, Jules Poulain-Plissoneau
Création lumière Fred Moreau
Scénographie et construction marionnettes PYM
Création numérique Sébastien Sidaner
Création sonore Robinson Sempauroca
Assistante à la mise en scène Juliette Wierzbicki

Dates
Les 8 et 9 décembre au Théâtre Victor Hugo, Bagneux

Durée
1h

Adresse
Théâtre Victor Hugo
14, avenue Victor Hugo
92220 Bagneux

Informations pratiques

Théâtre Victor Hugo à Bagneux
www.theatrevictorhugo-bagneux.fr

Biennale des Arts du Mime et du Geste, 4ème édition
www.facebook.com/biennale.arts.mime.geste

Compagnie Mangano-Massip
www.compagniemanganomassip.com