Article d’Ondine Bérenger
La passion tiède
En 1946, de retour à Paris après son internement, Antonin Artaud rencontre Florence, fille de son ami galeriste Pierre Loeb. Une relation ambiguë se crée alors entre le poète et la jeune fille de seize ans. Dans Artaud-Passion, à la fin de sa vie, Florence raconte ses souvenirs avec Artaud, la relation qui les liait, l’image qu’elle avait de lui… tandis que le poète décédé est là, écoute, et montre sa présence.
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La scénographie est ici épurée, seule une machine rotative ornée de deux ampoules produit un mouvement et projette des ombres, tandis que les lumières de la scène permettent de découper l’espace pour séparer ou réunir les deux personnages. Au fond du plateau, deux musiciens interprètent en direct la musique composée pour la pièce grâce à des instruments divers. Visuellement et musicalement, la pièce fonctionne. Cependant, le texte est peut-être un peu trop descriptif pour une pièce de théâtre. Florence (Agnès Bourgeois) raconte ses souvenirs, auprès d’elle, Artaud déclame parfois subitement une tirade, mais tous deux sont isolés, presque froids, on ne retrouve pas vraiment de vie dans ce théâtre comme Artaud – cela est même rappelé dans la pièce – le défendait.
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Pourtant, sur la fin, lorsque le poète révèle enfin sa présence, les deux personnages peuvent alors évoluer ensemble en se parlant ; là naît véritablement la rencontre, cette rencontre que nous aimerions pouvoir sentir tout au long de la représentation
Artaud-Passion
de Patrice Trigano
mise en scène Agnès Bourgeois
avec Jean-Luc Debattice et Agnès Bourgeois
Musique Fred Costa et Frédéric Minière
Costumes Laurence Forbin
Création Lumière Laurent Bolognini
Scénographie Didier Payen
du 7 au 30 juillet, relâche les 11, 18 & 25 juillet 2016
Artephile
7 Rue Bourgneuf
84000 Avignon