Biopigs, texte de Sophie Perez, Xavier Boussiron, Arnaud Labelle-Rojoux, conception de Sophie Perez et Xavier Boussiron, au Théâtre du Rond-Point.

Un article de Thibault David

 

De l’art et du cochon

Le jeu de mot astucieux glissé dans le titre de cet article met dans l’ambiance : attention, n’allez pas voir Biopigs si vous avez quelque chose contre le second degré, les jurons, Docteur « Jabba the Hut » Weberling ou les stéréotypes. Ca brasse large, c’est vrai – mais Biopigs frappe fort, et d’entrée de jeu.

© Ph. Lebruman


Pour résumer : c’est le bordel.
La compagnie du Zerep, habituée du Rond-Point, brasse son univers carnavalo-débile depuis un petit bout de temps, développant sa galerie de freaks, bousculant les codes du théâtre, ceux qui aiment le théâtre, ceux qui ne l’aiment pas, voire le théâtre lui-même. Biopigs est un enchaînement de performances (le terme est inexact, mais c’est celui qui se rapproche le plus du concept), de fins de pièces, ponctués par des applaudissements préenregistrés. Ca rigole fort dans la salle : les situations s’enchaînent vitesse grand V, explosions de confettis par-ci, foutage de gueule du cheveu sur la langue de Nordey par là. C’est bon enfant, soyons juste – mais tout le monde n’appréciera pas le cabotinage puissance mille dont font preuve tous les interprètes (qui doivent vraisemblablement carburer à la caféine tellement l’énergie dépensée est folle et jubilatoire).
Un ovni, donc. Impossible de résumer concrètement ce qui se passe au plateau, à moins de vouloir chercher un sens absolu à un objet qui n’en a peut-être aucun (ou inversement, enfin faut voir). Docteur Weberling, sorte de Jabba the Hut en plastique à oreilles de cochon contemple le foutoir d’un regard apathique, la pièce commence dans les gradins, les comédiens saluent Jean-Michel Ribbes entre deux papotages sur leur journée, des gens se foutent à poil, du talc partout, des cotillons qui explosent, Stéphane Roger qui gagne du temps – pour Sophie Lenoir et Marlène Saldana qui changent de costumes – avec un numéro de ballon incroyablement simplet : c’est un zapping dadaïste incroyablement compact qui est montré ici.

© Ph. Lebruman

Mais là est le problème : car la proposition, radicale au possible, fonde sa force sur ces performances absurdes enchainées sans pause, et tient péniblement la longueur. Les premiers rires de surprise (francs, les rires) peuvent faire place à une certaine lassitude en fin de course.
Enfin bon : on n’aime ou on n’aime pas (la perplexité pouvant faire office de juste milieu). Biopigs n’est pas un objet à mettre entre toutes les mains.


 

Biopigs,

Conception et scénographie : Sophie Perez et Xavier Boussiron
Avec : Sophie Lenoir, Stéphane Roger, Marlène Saldana, Erge Yu
Texte : Sophie Perez, Xavier Boussiron, Arnaud Labelle-Rojoux
Musique : Xavier Boussiron
Costumes : Sophie Perez, Corinne Petitpierre
Régie générale : Léo Garnier
Lumière : Fabrice Combier
Son : Félix Perdreau
Régie plateau : Camille Rosa
Réalisation décors : Les ateliers de Nanterre-Amandiers – Centre Dramatique National
Sculptures : Daniel Mestanza
Réalisation costumes : Corinne Petitpierre, Anne Tesson
Administration : Julie Pagnier

 

Du 11 au 23 avril 2017

 

Durée : 1h30

 

Théâtre du Rond-Point

2Bis Avenue Franklin Delano Roosevelt
http://www.theatredurondpoint.fr/