« CELEBRATION » Une invitation manquée…

Ne met pas en scène Harold Pinter qui veut ! Dernière pièce du célèbre auteur, Célébration, actuellement présentée au théâtre de Belleville par Jules Audry jusqu’au 28 avril, en est malheureusement l’exemple concret. Le dramaturge, au style singulier, jonglant sans cesse entre absurde et humour noir en vue de peindre une critique féroce de la société anglaise nantie et bourgeoise, requiert une grande précision de jeu scénique. Une minutie dramatique qui semble avoir fait défaut autant dans les choix de mise en scène et que dans la qualité de jeu des comédiens, souvent trop approximatifs dans leurs intentions. Ici, le trait est grossi et la bouffonnerie prend le pas sur l’absurde. Des artifices tels que les visages des artistes plongés dans des assiettes de farine, de la neige gauchement éparpillée par un ventilateur ou encore des attitudes grotesques poussées à l’extrême, n’apportent rien en terme de compréhension et laissent perplexes. À trop vouloir faire rire, on ne fait rire personne ; et à terme, il devient difficile au spectateur d’adhérer et de pénétrer dans cet univers qui devient trop caricatural.

Est-ce parce que c’était la première ? Il n’en demeure pas moins que les moments de violence attendus – psychologiques ou physiques – qui auraient permis de contrebalancer le comique du texte et de mettre en exergue toute la finesse de l’écriture pinteresque, ont été interprétés avec maladresse ou bien sont passés inaperçus. Enfin, l’espace lui-même était difficilement lisible et de nombreux déplacements semblaient injustifiés.

Célébration 4
Célébration 5
Célébration 3
Célébration 1

À l’origine, Célébration est l’histoire de deux couples réunis dans un hôtel-restaurant à l’occasion d’un anniversaire de mariage, alors qu’un troisième couple célèbre une promotion professionnelle. Ces événements servent de prétextes à l’auteur pour dépeindre et aborder les relations conjugales et sociales sous leurs reflets les plus sombres. Si certains ont souri ou ri parfois, c’est avant tout grâce au texte et à sa qualité d’écriture, peu mis en avant. Cela reste regrettable car cette pièce possède de nombreuses perles, trop souvent restées dans leurs écrins.

Informations pratiques

Auteur(s)
Harold Pinter, traduit par Jean Pavans

Mise en scène
Jules Audry

Avec
Quentin Dassy, Francesca Diprima, Léa Fratta, Faustine Koziel, Orane Pelletier, Garion Raygade, Ulysse Reynaud, Marco Santos, Florence Vidal

Création lumière François Duguest
Collaboration artistique Anne-Sophie Lombard

Dates
Du 5 au 28 avril 2019

Durée
1h

Adresse
Théâtre de Belleville
94, rue du Faubourg du Temple
75011 Paris

Informations complémentaires
www.theatredebelleville.com