« CONSTELLATIONS »  Un peu trop d’univers 

Et si nous ne vivions que dans l’une des possibilités du monde qui nous entoure, alors qu’il en existerait une infinité ? En physique quantique, il existe une théorie, nommée la théorie des cordes, qui suppose l’existence d’un multivers. Cela suppose que chaque choix auquel nous sommes confrontés créé un nouveau plan de l’existence ou nous avons pris une option différente que celle prise dans le plan dans lequel nous nous trouvons. Effectivement, ce n’est pas nécessairement très clair. Dans Constellations, l’association du texte de Nick Payne et de la mise en scène d’Arnaud Anckaert propose d’illustrer concrètement cette hypothèse. Et le principe est parfait. Un couple se rencontre une infinité de fois, et on assiste à une multitude d’évolutions possibles de leur relation, qui existent toutes concrètement sous nos yeux. Chaque mot, intonation, geste ou regard donnera lieu à une nouvelle histoire. La clarté absolue du dispositif mis en place par le metteur en scène entraine le spectateur dans cette géniale hypothèse quantique sans jamais le perdre. Les comédiens évoluent dans une boîte de contreplaqué de peuplier, entourée de deux portes ; cette sobre scénographie est d’une justesse impressionnante. On imagine sans souci le concret des différents lieux où l’action prend place, que ce soit le barbecue, l’hôtel, la chambre, etc., sans jamais se poser la question ou se sentir exclu de l’enjeu par un manque d’informations visuelles ou sonores. Chaque léger effet de lumière ou de son nous indique immédiatement une nouvelle itération de la réalité de Marianne et Roland, les protagonistes. La fixité et la constance de ce que l’on voit permet l’évolution et le changement constants de ce que l’on imagine.

Traiter un sujet d’une telle complexité, cela nécessite une précision extrême dans tous les domaines pour ne pas perdre le spectateur. Et c’est cela qui manquera le plus à ce spectacle. D’abord dans la direction des comédiens. Si leurs gestes et leurs paroles sont très chorégraphiés et permettent la compréhension intellectuelle des enjeux, leur interprétation frôle trop souvent un jeu presque mécanique qui va parfois empêcher l’identification et l’émotion. On se retrouve à observer les personnages dans une application théorique, sans réellement les suivre. Ensuite dans l’écriture. Si tenter de faire pénétrer la physique quantique et la théorie des cordes dans notre quotidien est tout à la fois osé et assez génial, c’est un sujet déjà complexe à aborder en seulement une heure et vingt minutes. Alors aborder en plus beaucoup de thèmes, bien que plus classiques, eux-mêmes sujets à débats et à réflexions, tels que la maladie dans le couple, la question de l’euthanasie, l’infidélité, le libre-arbitre, ça fait vite trop. On se perd rapidement dans toutes ces interrogations, et la plupart passent à la trappe. Vouloir trop en dire peut souvent se traduire en ne pas dire grand chose.

Malgré ces quelques écueils, on ne trouve pas le temps de s’ennuyer une seconde, et l’on découvre une nouvelle façon d’aborder ce multivers dans lequel nous pourrions vivre.

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© Bruno Dawaele

Informations pratiques

Auteur(s)
Nick Payne
(trad. Séverine Magois)

Mise en scène
Arnaud Anckaert

Avec
Noémie Gantier, Maxence Vandevelde

Dates
Du 30 janvier au 18 février 2018

Durée
1h30

Adresse
Théâtre de l’Aquarium
La Cartoucherie
Route du champ de manœuvre
75012 Paris

Informations et dates de tournée

www.theatreduprisme.com

www.theatredelaquarium.com