Coup d’oeil sur le Festival d’Avignon OFF n°1: Les seuls en scène #1 (Le Dernier jour d’un condamné, Le Carnaval des ombres)

Le dernier jour d’un condamné, mis en scène par François Bourcier, avec William Mesguich, à la Condition des Soies.
Quelques planches de bois blanc en guise de sol et de mur, une lucarne à barreaux : voici, sur scène, la cellule du très célèbre condamné à mort de Victor Hugo, dans laquelle vont se jouer les souvenirs, les rêves et les angoisses de l’homme criminel. François Boursier a confié ce rôle grave et lourd au flamboyant William Mesguich, qui nous emmène au tréfonds de l’angoisse, de la révolte et de la tristesse, dans cette véritable tempête sous un crâne, quelques heures avant l’échafaud. Le spectacle est haletant, saisissant, finement rythmé par les ruptures que William Mesguich sait créer dans son jeu, insufflant ça et là un brin d’espoir, de joie, de nostalgie, ou lançant un regard glaçant lors d’une adresse aux spectateurs… Les effets de mise en scène, notamment au niveau de la création lumières, se sont assagis depuis la création du spectacle à Paris, et c’est heureux : le propos s’en trouve davantage resserré, et sa puissance en est décuplée, là où une surenchère d’effets pourrait diluer l’émotion dans le spectaculaire. Il est judicieux de faire confiance à l’acteur : William Mesguich est un virtuose, son jeu suffit pour captiver, frapper, bouleverser. Assurément, il faut le voir servir ce texte de si grande envergure – c’est un sublime moment de théâtre.

condamne
carnaval

Le carnaval des ombres, de Serge Demoulin à l’Episcène.
Entre théâtre documentaire, autobiographie et autofiction aux saveurs douces-amères, Serge Demoulin rend hommage à sa région en racontant une partie oubliée – occultée – de son Histoire : l’annexion des Cantons de l’est de la Belgique par l’Allemagne nazie en 1940. C’est au cours d’un carnaval, au milieu des lumières et de la musique, de la neige et de l’alcool, dans une atmosphère presque irréelle, comme rêvée, qu’il rompt le silence en proposant l’érection d’un monument aux enrôlés de force dans l’armée allemande. Seul en scène, Serge Demoulin parvient à créer un spectacle instructif et émouvant, très évocateur en ce sens qu’il nous semble voir distinctement toutes les images que l’acteur évoque. C’est aussi un théâtre fédérateur, un théâtre du partage et de la convivialité : en ce soir de dernière, le carnaval a eu lieu, en salle, en l’espace d’un mini-entracte où spectateurs et artistes ont pu échanger autour d’un verre de cassis, sans que rien, absolument rien ne soit rompu de l’atmosphère de la représentation. Ce spectacle est grand, indispensable, captivant et bouleversant, la performance d’acteur y est renversante : comment se fait-il qu’il n’ait pas passé la frontière française plus tôt ? Quoiqu’il en soit, on comprend aisément qu’il ait reçu le Prix de la Critique du meilleur seul en scène : à découvrir au plus vite !


Informations et dates de tournée

www.avignonleoff.com