Coup d’oeil sur le Festival d’Avignon OFF n°4: Autour de Britannicus (Britannicus, Britannicus on stage)

Britannicus, de Racine, mis en scène par Laurent Domingos au Théâtre des Corps Saints.
Pour mettre en exergue la puissance des sentiments à l’oeuvre dans la tragédie – passion, avidité, jalousie… –, la Compagnie Minuit44 propose une mise en scène très physique de la pièce de Racine : passages chorégraphiés, langage corporel ultra-travaillé font assurément la richesse et l’originalité de cette proposition, qui s’ouvre d’ailleurs sur une danse de Junie prisonnière (merveilleuse Ophélie Lehmann, dont on avait déjà pu constater la grâce et la puissance émotionnelle dans Bérénice). Dans une scénographie aussi austère que frappante – un trône démesuré, des lumières précises et souvent inquiétantes, les acteurs toujours présents au plateau pour renforcer l’effet du huis-clos – les mots résonnent avec une diction impeccable, à la fois fluide et respectueuse des règles de scansion, portés par une création musicale omniprésente. L’atmosphère est oppressante, le propos brûlant de clarté et d’actualité. C’est une proposition aux partis pris très forts et sans concessions que nous propose Laurent Domingos, mais pour nous, le pari est réussi haut la main. A découvrir !

brita
brita on stage

Britannicus on stage, de Pierre Lericq et la Compagnie Lévriers au Théâtre des 3 Soleils.
Une version revue et corrigée de la tragédie de Britannicus, par une jeune compagnie, la Compagnie Lévriers dont l’objectif annoncé est de « rendre le théâtre accessible à tous ». Ce spectacle – première création de la troupe – prend la forme d’un théâtre musical et comique de « vulgarisation » de l’oeuvre, sur fond d’histoire annexe : l’organisation d’un stage de pratique théâtrale. Un moyen pour ces jeunes artistes de raconter, aussi, comment ils sont arrivés jusque là. Si le spectacle regorge de drôleries (ces vers en langage courant !), on regrettera par contre l’excessif détournement du récit et du texte originaux à des fins de divertissement et de légèreté : est-il nécessaire de tant donner dans les blagues à caractère sexuel pour être accessible ? Cela dit, les comédiens regorgent d’énergie et d’idées un peu délirantes : malgré la maladresse de cette première proposition, la compagnie mérite certainement qu’on se penche sur son évolution future, car il y a là un indéniable potentiel, une volonté et un enthousiasme débordants et communicatifs. Affaire à suivre…


Informations et dates de tournée

www.avignonleoff.com/