« HABRÁS DE IR A LA GUERRA QUE EMPIEZA HOY  »  Exil universel, empreintes fortes et poésie sur papier 

Une dédicace laissée sur un livre d’origami, intitulé Papirozoo et Pablo Fidalgo Lareo se replonge dans son histoire familiale à travers le portrait de son grand-oncle, Giordano Lareo. Au fond de la scène noire, un homme de dos devant un monticule de cocottes en papier blanc. Pablo Fidalgo Lareo s’efface et l’individu se retourne. C’est soudain Giordano Lareo, sous les traits de Cláudio da Silva qui revient sur son parcours et dialogue au présent. Parti de Vigo pour échapper au régime franquiste, il devient professeur, traducteur, trésorier de la République à Buenos Aires et auteur du premier livre de figures de papier en Argentine. Un témoignage bouleversant où l’on perçoit la solitude, les tiraillements et la vie de l’exilé où se mêlent joies et espérances. Qu’aurions-nous fait en de telles circonstances ? Quelle est notre regard face aux migrants, réfugiés ? Les chemins de la mémoire et de la liberté sont sinueux, une vie ou même plusieurs générations sont parfois nécessaires.

A travers cette création documentaire, Pablo Fidalgo Lareo revient sur la guerre civile qui a divisé l’Espagne et fait plus de 400 000 morts, une plaie restée ouverte. Si certains se sont murés dans le silence, d’autres ont quitté le pays définitivement. La mise en scène déroule la vie de l’homme qui pose des cocottes en papier sur scène avec un geste maîtrisé, annonçant une fin inéluctable. Ces figures n’apportent pas grand chose sauf peut-être quand le comédien y associe du mouvement, telle l’image de la naissance. La dramaturgie est renforcée par l’adresse au public, faisant jaillir la réalité de l’exil au présent. Cláudio da Silva habite ce personnage avec une force naturelle et magistrale. Ses propos sont empreints de mystère, il promet une explication plus tard gardant ainsi l’attention du public. En effet, l’acteur portugais a lui aussi connu l’exil comme nous le découvrons à la fin. Né en Angola, sa famille revient au Portugal suite à la décolonisation du pays, accélérée par la révolution des oeillets en 1974. Le texte fort de Pablo Fidalgo Lareo est d’une poésie rare et précieuse. L’exil consenti ou pas laisse des traces dans la vie et dans les mémoires bien au-delà de ce que l’on peut imaginer. Un voyage poétique dans le temps et l’espace, un exil qui se déroule à l’infini et dont la portée est universelle.

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Habras-de-ir-a-la-Guerra-que-empieza-hoy-en-Santiago-de-Compostela

Ce spectacle est au programme de la 8ème édition de Chantiers d’Europe, un festival dirigé par Emmanuel Demarcy-Mota qui met à l’honneur les artistes et les compagnies de pays voisins. Issus d’une génération née après les grandes guerres, les révolutions, leur regard est engagé et singulier dans une Europe pleine d’incertitudes et à l’épreuve de crises sociales, politiques et morales. Des créations diversifiées et un renouveau des codes d’un théâtre documentaire, citoyen et participatif pour réaffirmer le rôle de la culture et du partage aujourd’hui. Des rendez-vous à suivre jusqu’au 24 mai avec deux expositions à l’Espace Pierre Cardin : Révolution et Démocratie, le rappel des oeillets un regard sur la révolution de 1974 au Portugal qui mit fin à la plus longue dictature d’Europe et Le Dôme – Migration 2 de la Cie Good Chance Theatre (Royaume-Uni), lieu d’échanges et de rencontres autour de films, œuvres d’art et performances effectués auprès des migrants à Calais et à Paris.


Informations pratiques

Auteur(s)
Pablo Fidalgo Lareo

Mise en scène
Pablo Fidalgo Lareo

Avec
Cláudio da Silva et Pablo Fidalgo Lareo

Dates
Le samedi 6 mai 2017
Chantiers d’Europe 8ème édition du 2 au 24 mai 2017

Durée
1h20

Adresse
Théâtre des Abbesses
31, Rue des Abbesses
75018 Paris

http://www.theatredelaville-paris.com