« Jacques Lecoq, un point fixe en mouvement » par patrick Lecoq aux Éditions Actes Sud

Article de Bruno Deslot

Toujours en mouvement

Connue dans le monde entier, l’école artistique de Jacques Lecoq est à l’image d’un homme qui a toujours été en mouvement. Une réflexion fine qui le mène vers des horizons inattendus avec pour point commun le théâtre et pour épicentre : le corps. L’Ecole internationale de Théâtre de Jacques Lecoq fête cette année ses soixante ans d’existence. Dix-huit ans après sa disparition, le fils aîné de Jacques Lecoq a effectué une consultation approfondie des archives afin d’offrir aux lecteurs un aperçu de la création de son père. Dessins, écrits, photos, notes et conversations choisies par Patrick Lecoq, permettent de retracer le parcours d’un homme sans cesse en mouvement.

lecoq

D’une famille protestante, Jacques Georges Lecoq naît à Paris le 15 décembre 1921, « Une très bonne année pour le vin » ne manquera-t-il pas de préciser. Après de nombreux séjours dans les Hautes-Alpes avec ses parents et une passion confirmée pour la montagne, c’est en nageant qu’il prend conscience des possibilités de son corps en mouvement. En janvier 1941, il s’inscrit à l’Ecole d’éducation physique et de sports de Bagatelle dirigée par Jean-Marie Conty. La même année, il assiste à « 800 mètres », une performance imaginée par Jean-Louis Barrault au stade Roland-Garros. Evènement majeur pour Lecoq, c’est pour lui la révélation entre tragédie et sport. C’est aussi un fait marquant dans la vie d’un sportif de compétition, Gabriel Cousin. Point de départ de leur rencontre, un stage d’alpinisme aux Praz-de-Chamonix en 1943.

En 1944, Lecoq quitte Paris afin de fuir la traque allemande. Cousin fait partie du voyage et c’est au beau milieu de la forêt de Fontainebleau qu’un petit groupe se forme et invente des saynètes improvisées basées sur les formes de l’expression corporelle. Cette bande se baptise les Aurochs, un symbole fort qui mènera Lecoq et Cousin sur les chemins incertains de la recherche théâtrale. Le 15 octobre 1945, Cousin rejoint Lecoq à Grenoble, non pour intégrer la Compagnie de Dasté mais pour se consacrer à l’écriture théâtrale et poétique. Grâce à Dasté et son épouse, Marie-Hélène, fille de Jacques Copeau, Lecoq découvre le « masque noble », masque inspiré par celui du théâtre Nô que Copeau admire. De retour à Paris en juillet 1947, Lecoq donne à nouveau des cours d’expression corporelle chez son premier maître, Jean-Marie Conty, mais le métier d’acteur ne lui apporte pas une entière satisfaction et il tente de se tourner vers le mime.

Il prend alors le chemin de l’Italie, en passant tout d’abord par Padoue où il rencontre le peintre et sculpteur Amleto Sartori qui réalisera pour lui toute une série de masques. Puis, il prend le chemin de Milan pour travailler au Piccolo teatro auprès de Giorgio Strehler. Il « met en mouvement » les acteurs d’un spectacle durant lequel il rencontre Dario Fo. Après avoir chorégraphié une soixantaine de spectacles en Italie, il revient définitivement vivre à Paris.

Quelque peu hésitant, il ouvre son école le 4 décembre 1956 rue d’Amsterdam. C’est un vif succès et les plus grands noms du théâtre d’aujourd’hui ont bénéficié de l’apprentissage de Lecoq. L’école s’installe définitivement au 57 rue du Faubourg Saint-Denis dans le 10e où elle se trouve encore aujourd’hui. Elle fête ses soixante ans cette année pour le plus grand bonheur de tous.

Ce bel ouvrage, est un hommage poignant pour un grand homme ayant beaucoup apporté au théâtre. C’est un plaisir d’en parcourir les pages se révélant être une découverte expérimentale sans cesse renouvelée.

 

 

 

 

 

Jacques Lecoq, Un point fixe toujours en mouvement

De Patrick Lecoq

 

 

Éditions Actes Sud

18 Rue Séguier

75006 Paris

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