"LE GRAND THÉÂTRE D’OKLAHAMA" Une pépite théâtrale cachée dans la brume

Les acteurs et actrices du groupe Catalyse reviennent sur le devant de la scène avec une création dense et mystérieuse autour de l’œuvre de Franz Kafka. Madeleine Louarn et Jean-François Auguste conçoivent et mettent en scène un nouveau projet complexe qui peine à se faire entendre, malgré l’immense et fascinante présence de ses interprètes. La brume autour de l’écriture de Kafka ne se dissipe pas, ne laissant qu’une vague impression dénuée de véritable sens.

Une grande affiche, toute de paillette vêtue, se tient au bord de la scène. On y cherche des volontaires pour intégrer Le Grand Théâtre d’Oklahama, et on y accepte tout le monde ! Une aubaine pour Karl Rossmann, personnage tout droit venu du roman inachevé de Franz Kafka : L’Amérique. Rejets après rejets, ce théâtre plein d’espoir apparaît comme le lieu de la dernière chance pour le garçon. Il en est de même pour une petite troupe de personnages, directement inspirés de l’univers kafkaïen. La violence du monde n’échappe pourtant pas à ce soit disant eldorado, et chacun.e verra ses aspirations artistiques revues à la baisse, et seront ainsi engagé.es comme agent technique, lingère ou encore soutier. Madeleine Louarn et Jean-François Auguste voient, en cette fable et en la question du rejet social, un écho entre la fiction et la vie de ces acteurs et actrices atteint.es de troubles mentaux.

Malgré un projet solide dans sa conception dramaturgique, le texte est difficilement compréhensible et se confronte à une esthétique scénique qui veut nous raconter une histoire. Il est facile de comprendre et d’imaginer les enjeux de la pièce mais sans jamais être véritablement à l’intérieur de celle-ci. Le pari était osé mais les interprètes endossent la langue de Kafka avec une très belle présence et énergie. Le plaisir et la générosité qu’ils et elles ont à communiquer sont manifestes, nous dévoilant des petites pépites théâtrales le long de ce parcours vers Le Grand Théâtre d’Oklahama.