« Le Manuscrit de Rembrandt » adaptation Céline Duhamel, mise en scène Patrick Courtois, au Théâtre le Ranelagh

Article de Marianne Guernet-Mouton

Rembrandt, simplement

Inspirée par « Rembrandt Kabbaliste » de Raoul Mourgues, qui aurait traduit un manuscrit écrit de la main du maître flamand, l’adaptation proposée par Céline Duhamel et mise en scène par Patrick Courtois au théâtre le Ranelagh entend interroger ce document ainsi que la personne de Rembrandt van Ryn, ce grand peintre et portraitiste du XVIIe dont la renommée a éclipsé son humanité.

manuscrit_marc_bretonniere_2© Marc Bretonnière

Une table couverte de linge à plier, de pinceaux et objets de la vie courante, une chaise percée, un tabouret et un chevalet recouvert d’un drap blanc suggérant une toile, tels sont les éléments de décor présents sur une scène au fond noir, un décor allant à l’essentiel pour suggérer un modeste intérieur du XVIIe siècle hollandais. C’est dans ce décor suffisant à recréer un atelier et propice à la projection d’un imaginaire concernant Rembrandt, que prennent place deux personnages : l’artiste, et une femme incarnant successivement sa femme, sa servante, son modèle, et un ange. Grâce à un jeu de lumières très esthétique servant élégamment le propos, à de multiples reprises les personnages apparaissent comme portraiturés sur ce fond de scène noir. Ainsi, lorsque l’acteur incarnant Rembrandt commence son introspection et à parler de son œuvre, le message visuel est d’autant plus fort que Rembrandt nous apparaît presque non pas en personne, mais à l’image de l’un de ses soixante-deux autoportraits.

manuscrit_marc_bretonniere_1© Marc Bretonnière

À cet égard, le texte qui se prête peu au théâtre est éclairci par la mise en scène qui en révèle l’intérêt. De leur côté, les acteurs parviennent à être convaincants, et ce même lorsque le texte ne l’est plus, comme lorsque une femme/ange s’adresse au peintre, laissant le spectateur légèrement perplexe. En effet, si Patrick Floersheim dans le rôle de Rembrandt est impressionnant tant il semble avoir voulu saisir la personnalité du peintre, certains choix concernant les rôles féminins et quelques effets de mise en scène « magiques » notamment concernant les apparitions de l’ange sont dépassés, faisant davantage penser à un téléfilm vieillissant qu’à une mise en scène renouvelée. Par ailleurs, pour un spectateur ignorant tout de la vie de l’artiste ou inversement, arrivant avec beaucoup d’attentes, l’adaptation de Céline Duhamel prend le risque – à tort ou à raison – de perdre une partie de son auditoire.
Quoi qu’il en soit on prend plaisir à entrer dans la vie d’un artiste tel que Rembrandt qui tour à tour revient sur sa carrière, ses croyances et engagements (pour autant qu’ils soient réels), son rapport à la religion et aux femmes. Le Manuscrit de Rembrandt ainsi mis en scène donne à voir et tente de saisir un homme pris dans son intimité à la fin de sa vie par un quasi-monologue testamentaire. Un homme dont la renommée ne change rien à la mort qu’il affronte comme tout le monde, avec ses regrets et ses souvenirs heureux.

 

Le Manuscrit de Rembrandt
Adaptation Céline Duhamel du livre Rembrandt Kabbaliste de Raoul Mourgues
Mise en scène et scénographie, Patrick Courtois
Avec Céline Duhamel et Patrick Floersheim / Jean-François Vlérick (en alternance)
Lumières, Benjamin Boiffier
Costumes, Rick Dijkman

Du 16 décembre 2015 au 31 janvier 2016

Théâtre le Ranelagh
5, rue des vignes
75016 Paris
www.theatre-ranelagh.com