« MONSTRES / On ne danse pas pour rien »  Des bâtisseurs engagés, l’Art vital et poétique du congolais DeLaVallet Bidiefono

L’Espace des Arts, Scène nationale Chalon-sur-Saône présente du l6 au 22 novembre 2017, la 15ème édition du Festival de danse Instances. Philippe Buquet dirige ce lieu depuis 2002 avec un programme engagé et exigeant : danse, théâtre, cirque et musique, cinéma jeune public… Il offre un soutien très fort à la création et à la production de spectacles. Pour la deuxième saison consécutive, l’aventure se poursuit « hors les murs » au Théâtre du Port Nord, avant la réouverture du théâtre à l’automne 2018. Instances, ce sont huit spectacles de danse contemporaine dont cinq créations et des rencontres avec les artistes venus de Brazzaville, Ouagadougou, Johannesburg, Hossegor, Belfort, Amiens, Lyon et Anvers. De leurs univers très variés, ils donnent à voir un monde parfois violent, meurtri mais toujours porteur d’espoir. À l’instar du chorégraphe DeLaVallet Bidiefono en cette soirée d’ouverture où l’Afrique est à l’honneur. Lors d’une rencontre avec le public, l’artiste revient sur son parcours, ses combats, son engagement avant de présenter ses mystérieux « Monstres ».

Né au début des années 80 à Pointe-Noire au Congo, DeLaVallet Bidiefono est tout d’abord chanteur avant de se consacrer à la danse. Cet autodidacte participe à plusieurs stages au Centre Culturel français et nourrit son travail d’influences métissées. En 2001, le jeune artiste s’installe à Brazzaville puis fonde en 2005 la Compagnie Baninga avec laquelle il crée et présente des spectacles. Le chorégraphe défend la danse contemporaine et œuvre pour sa reconnaissance dans un pays, le Congo, marqué par la dictature et les troubles depuis plus de 30 ans. Sans lieu réel de formation et poussé par l’envie d’avoir un espace de création et de transmission pédagogique, il décide d’acheter une parcelle en périphérie de la ville et de construire un lieu à l’aide de ses danseurs, des habitants du quartier, des tailleurs de pierre… L’Espace Baning’Art, plateau de danse unique au Congo Brazzaville est inauguré en décembre 2015. DeLaVallet Bidiefono et son acolyte, l’auteur et metteur en scène Dieudonné Niangouna ont pour habitude d’appeler leurs créations des « Monstres ». Le chorégraphe confronte aux monstres du pouvoir/dictature, les « monstres » que sont les danseurs qui n’ont pas hésité à le suivre dans cette aventure, à se dépasser et à accomplir un travail titanesque pour que le rêve devienne réalité !

monstres-8(c)christophe-Pean
MONSTRES2 ...On ne danse pas pour rien-6BIS(c)christophe-Pean

© Christophe Pean

Créé le 28 septembre dernier aux Francophonies en Limousin, Monstres / On ne danse pas pour rien s’inspire de ce chantier, des gestes des travailleurs, de l’univers scénographique des carrières et rend hommage à ses femmes et ses hommes qui puissent dans l’art et le collectif une force pour résister en toutes circonstances. Musiciens, chanteurs, danseurs sont magnifiés et chacun à l’honneur sous de belles lumières. De nombreuses surprises parfois mystérieuses se glissent dans une scénographie époustouflante d’un immense chantier métallique bien structuré. Les trois musiciens sont en hauteur et de là Rébecca Chaillon nous envoie le texte puissant : On ne danse pas pour rien… De nouveaux espaces et des images étonnantes et poétiques se forment à mesure de la narration visuelle. Si au départ le rêve de l’homme se dessine, très vite les monstres du pouvoir apparaissent tout-puissants et féroces. La dramaturgie est portée par ces danseurs qui rêvent et espèrent une (re)construction, un combat pour la vie de chaque instant dans un contexte hostile. Énergique et volontaire, la chorégraphie monte aussi en puissance. Si les hommes/soldats tombent, ils se relèvent de plus belle et gardent la cadence. Dans un intermède, Rébecca Chaillon nourrit ces travailleurs d’une performance dont elle a le secret et laisse le public médusé. De la brutalité à la poésie, les danseurs s’élèvent et nous transportent vers un monde où l’espoir est permis. DeLaVallet Bidiefono et toute cette belle équipe artistique soutiennent l’art et ce n’est pas pour rien. Un beau travail à découvrir !

Informations pratiques

Auteur(s)
Rébecca Chaillon

Chorégraphie et interprétation
DeLaVallet Bidiefono

Avec

Danseurs
DeLaVallet Bidiefono, Destin Bidiefono, Fiston Bidiefono, Aïpeur Foundou, Ella Ganga, Mari Bède Koubemba, Cognès Mayoukou, Lousinhia Simon

Performeuse
Rébecca Chaillon

Musiciens
Francis Lassus, Armel Malonga, Raphaël Otchakowski

Dates
Jeudi 16 novembre 2017 au Théâtre du Port Nord  – Chalon-sur-Saône

Le 7 mars au Théâtre de Brétigny – Brétigny-sur-Orge (91)

Le 29 mars au Théâtre Jean Vilar – Vitry-sur-Seine (94)

Le 1er avril au Théâtre de Sartrouville / CDN– Sartrouville (78)

    Les 21 et 22 avril aux Tropiques Atrium – Scène Nationale de Martinique – Fort-de-France (97)

Durée
1h

Adresse
Théâtre du Port Nord
rue Denis Papin
71100 Chalon-sur-Saône

Informations et dates de tournée
2 février 2018 Théâtre Romain-Rolland – Villejuif
22 au 23 juin 2018 Grande Hall de la Villette – Paris
25 janvier 2019 Le Poc – Alfortville

https://www.espace-des-arts.com