"MON OLYMPE" Militantisme sur gazon

Cinq étudiante en sociologie à l’université se réunissent une fois par semaine pour parler de féminisme. Après l’annonce de leur futur passage à la télévision, les voici enfermées par erreur dans un jardin public, et contraintes d’y passer la nuit. Une nuit entière, seules, pour confronter leurs idées sur des thématiques diverses comme l’éducation, le harcèlement, le rapport aux autres, aux hommes, à leur corps… Et affronter leurs peurs dans l’obscurité. Comment parler de féminisme aujourd’hui ?

Loin d’être manichéenne ou violente, la pièce questionne la notion de féminisme sans chercher à marteler en boucle des idées jetées à la tête d’un public qui serait, par défaut, ignorant ou inculte. C’est un débat d’opinions, un débat de point de vue entre cinq jeunes femmes au profil très différent, au rôle cohérent et bien défini. Il est évident que la pièce est née d’une réelle discussion, et cela a quelque chose de profondément agréable. Sur un sujet aussi délicat que le féminisme, dont la perpétuelle récupération médiatique fait dire tout et son contraire, il est rassurant de se trouver face à une œuvre qui illustre – enfin ! – la possibilité de concilier « plusieurs » féminismes sans qu’ils soient antinomiques. Les cinq comédiennes défendent leurs rôles avec une énergie inépuisable, elles jettent leurs tripes (ou « leurs couilles ») sur scène, et d’ailleurs cela porte ses fruits : il faut entendre comme certains spectateurs se prennent à la représentation, parfois un peu trop vivement…

Les pièces contemporaines militantes, qui utilisent le théâtre comme tribune politique précisément contextualisée, constituent une catégorie de spectacles bien particulière à laquelle il est parfois difficile d’adhérer. Mais dans ce genre-là, pour qui s’y plaît vraiment, Mon Olympe est assurément une réussite qui fait preuve de beaucoup d’intelligence et séduira un vaste public.

Informations pratiques

Auteur(s)
Gabrielle Chalmont et Marie-Pierre Boutin