« OUSSAMA, CE HÉROS »  Un très beau son et lumière

Dans l’idée, c’est assez culotté et original. Parler d’un môme qui réfléchit un peu différemment de son entourage et de son environnement. Qui en vient à comprendre comment il est possible de considérer Oussama Ben Laden comme un héros. Sans pour autant être en accord avec sa pensée ou ses actions. Juste faire l’effort de prendre conscience du fonctionnement de pensée d’autrui, voire de ceux qui le menacent (directement ou non). Là où le texte de Denis Kelly perd de l’intérêt, c’est quand on se rend compte que la pièce ne tournera pas autour de ce garçon, mais sera centrée sur l’incompréhension des gens autour de lui. Qui se changera en agressivité. En peur. En volonté de le détruire. On bascule donc dans la mise en scène d’un fait divers glauque et sordide (encore une fois chez Kelly), où la pensée du jeune garçon n’est plus qu’un prétexte à cette exaction. C’est dommage. Pourtant ça démarre plutôt très bien : une mise en scène ultra-dynamique accompagnée d’une technique grandiloquente et très maîtrisée qui sert avec puissance tout le début du texte, centré autour de l’évolution de la pensée de Gary, le jeune homme en question, avec un climax jouissif lors d’un rap sur Oussama, entraînant à se figurer pourquoi le tristement célèbre terroriste peut être admiré comme il l’est par une certaine partie de l’humanité.

Mais lorsque le texte change d’ambiance et de centre, la mise en scène ne suit pas. En effet, alors qu’on se retrouve dans un huis clos, observant l’action quasiment en temps réel, le déferlement technique ne se ralenti pas, au contraire. Les comédiens se retrouvent complètement submergés par le plateau et la scénographie, à ce point que l’on finit par les oublier. Ce n’est pas eux qui provoqueront des sensations à leur public, mais uniquement les sons et les lumières. Bien que très travaillée, toute cette création lumino-sonore enferme le spectacle pendant presque une heure dans un système répétitif dont on finit par anticiper les éclats. On est plus surpris, juste agressés. Le seul moment perceptible d’incarnation de la part des comédiens sera les différents monologues finaux, plus ou moins bien portés.

Malgré tous ces écueils, on ne trouve pas vraiment le temps de s’ennuyer, à part peut-être un peu au milieu. Cela reste un travail théâtral prometteur, bien qu’aujourd’hui il ne soit pas encore tout à fait abouti dans la direction d’acteurs, ou dans le message que le spectacle tente de transmettre.

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Informations pratiques

Auteur(s)
Denis Kelly

Mise en scène
Martin Legros

Avec
Stéphane Fauvel, Sophie Lebrun, Julien Girard, Charlotte Ravinet, Baptiste Legros

Dates
Du 18 au 27 janvier 2018

Durée
1h40

Adresse
Le Monfort Théâtre
106, rue Brancion
75015 Paris

Informations et dates de tournée
https://collectifcohue.fr/
https:// www.lemonfort.fr