« Politiquement correct », texte et mise en scène de Salomé Lelouch au Théâtre de la Pépinière

Article de Justine Uro

Brèves de comptoir

En France, dans l’attente des résultats des présidentielles de 2017, des rencontres ont lieu dans un bar. Elles donneront une nouvelle perspective aux futures élections, interrogeant l’impact des choix politiques sur l’individu. Mado et Alexandre ont laissé leur téléphone à recharger dans un bar, mais au moment de le récupérer, ils se l’échangent involontairement. Réparer cette erreur sera l’occasion de se revoir et de faire connaissance, dans ce même bar. Alexandre a lu le contenu des messages de Mado et appris qu’elle était de gauche. Or il est militant d’extrême droite. Pour éviter le sujet, il propose à Mado de ne pas parler de politique. Ils tombent amoureux et la politique comme leurs amis respectifs vont venir troubler cet état. L’un comme l’autre va questionner son rapport à ses engagements et remettre en question ses présupposés.

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© Christophe Vootz

Salomé Lelouch a voulu construire une pièce sur la notion d’identité politique, le seul rouage bien huilé de sa proposition. Pour introduire cette idée, Alexandre dit « Ce n’est que de la politique, Mado ». Aucun des deux ne souhaite renoncer à ses engagements, ils chercheront plutôt à comprendre l’autre. La pièce soulève une problématique intéressante : les choix politiques sont-ils constitutifs d’un individu ?

C’est toujours dans le bar que cette question sera développée. Ce lieu est essentiel car il est le seul rendant possible ces rencontres improbables. Le sociologue Ray Oldenburg définit le bar comme le troisième lieu par excellence : le premier étant le foyer et le second celui du travail, le troisième lieu est celui de la sociabilisation. C’est là que Mado et Alexandre se rencontrent, se retrouvent et présentent leur ami. C’est aussi là que les confrontations liées aux opinions contraires des personnages auront lieu.

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© Christophe Vootz

L’aire de jeu est composée de simples blocs mobiles figurant un comptoir de bar pour incarner ce lieu d’échanges. Ils sont déplacés à chaque scène, situant les acteurs dans un autre espace afin de mettre en exergue des rapports de plus en plus conflictuels. Ce bar, comme tous ales autres, est le lieu des longues brèves de comptoir rebattues et relayées par les médias sous une autre forme stylistique, et la pièce n’en fait pas l’économie. La scène est moins favorable à les accueillir. Trop prévisibles, le spectateur se retrouve au café du commerce où tout semble cousu de fil blanc. Les arguments ne sont pas remis en cause à la sortie, d’ailleurs le parti pris de l’auteur apparaît clairement dès le début de la pièce. Il se prolonge dans un couloir de portes ouvertes comme l’immigration ou l’avortement pour lesquelles aucunes idées neuves ne sont apportées.

La direction d’acteurs n’est guère plus convaincante. Seules les répliques cinglantes de la meilleure amie, Andréa (Ludivine de Chastenet) donnent un peu de rythme et d’humour à ces longs débats. Les relations entre les personnages, jusqu’à l’histoire d’amour de Mado et Alexandre sont à peine crédibles. L’ensemble reste assez policé.

 

 

 

Politiquement correct

Texte et mise en scène de Salomé Lelouch

Avec Thibault de Montalembert, Rachel Arditi,

Ludivine de Chastenet, Bertrand Combe et Arnaud Pfeiffer

Scénographie Natacha Markoff

Costumes Pierre Mattard

Lumière Denis Koransky

Vidéo Olivier Roset

Création sonore et collaboration artistique

à la mise en scène Pierre-Antoine Durand

Assistante Élisa Oriol

 

A partir du 2 septembre 2016

 

Théâtre de la Pépinière

7 rue Louis le Grand

75002 Paris

http://www.theatrelapepiniere.com/