« TRISSOTIN OU LES FEMMES SAVANTES » , en version couleurs acidulées

Voilà les personnages des Femmes savantes de Molière propulsés dans l’ambiance des années 70 et c’est une réussite ! La force du texte est bel et bien là, clair et précis. On découvre un monsieur Trissotin mi-gourou façon Woodstock, mi-starlette d’un concours Eurovision. Et les filles du bon bourgeois Chrysale se sont métamorphosées en pin-up aux robes courtes.

Le contexte a bien évolué depuis l’écriture de ces Femmes savantes (une des dernières comédies écrites par Molière en 1672) mais la question de la place des femmes dans la société reste toute entière. Et la metteuse en scène, Macha Makeïeff ne se prive pas d’en rajouter une couche en faisant écho aux luttes féministes d’aujourd’hui. Et elle n’épargne pas la figure du mari bourgeois Chrysale, tétanisé par sa femme.

Les femmes sont électriques et dominent les hommes, à part ce monsieur Trissotin, à l’allure… si féminine. Elles veulent s’affirmer, tenir une place dans la société savante mais se retrouvent bien désemparées face aux affres de l’amour : Henriette veut aimer sans vouloir appartenir à quelqu’un mais jalouse du mariage de sa sœur Armande avec celui qu’elle aime aussi, Clitandre. Et leur mère, Philaminthe, tant revendicatrice de l’indépendance des femmes, n’a qu’une idée en tête : marier sa fille aînée avec l’homme qu’elle lui a elle-même choisi. Les seconds rôles féminins sont également plein d’audace : la sœur de Chrysale est une sexagénaire déjantée et Martine, la servante, elle non plus ne se dégonfle pas face aux hommes.

Évidemment, le texte de Molière pousse à quelques longueurs comme sur le passage des fameux sonnets composés par monsieur Trissotin. On imaginerait plutôt dans cette ambiance seventies un public averti en extase devant une peinture psychédélique.

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© Loll Willems

Cette mise en scène contient toutes les composantes de l’univers de Macha Makeïeff : une maison remplie de gadgets judicieux comme dans la maison de monsieur Hulot, l’importance des petits gestes du quotidien (le savoureux petit-déjeuner de Chrysale) chers aux Deschiens et un final façon opérette. Que ce soit le décor et les costumes, tout est parfait et de bon goût jusque dans les moindres détails.

La pièce Trissotin ou Les Femmes Savantes connaît un succès certain depuis sa création aux Nuits de Fourvière de Lyon en juillet 2015. Au retour d’une tournée en Chine, la troupe investit jusqu’au 10 mai le tout nouveau théâtre parisien La Scala.

Informations pratiques

Auteur(s)
Molière

Mise en scène, décor et costumes
Macha Makeïeff

Avec
Marie-Armelle Deguy, Arthur Deschamps, Karyll Elgrichi en alternance avec Louise Rebillaud, Caroline Espargilière, Vanessa Fonte, Arthur Igual en alternance avec Philippe Fenwick, Valentin Johner, Jeanne-Marie Levy en alternance avec Anna Steiger, Ivan Ludlow, Geoffroy Rondeau, Pascal Ternisien, Vincent Winterhalter

Lumières Jean Bellorini assisté d’Olivier Tisseyre
Son Xavier Jacquot
Coiffures et maquillage Cécile Kretschmar assistée de Judith Scotto
Arrangements musicaux Macha Makeïeff, Jean Bellorini
Assistants à la mise en scène Gaëlle Hermant, Camille de la Guillonnière
Assistante à la scénographie et accessoires Margot Clavières
Construction d’accessoires Patrice Ynesta
Assistante aux costumes Claudine Crauland
Régisseur général André Neri
Iconographe Guillaume Cassar
Diction Valérie Bezançon
Fabrication du décor Atelier Mekane

Dates
Du 10 avril au 10 mai 2019

Durée
2h15

Adresse
Théâtre La Scala Paris
13, boulevard de Strasbourg
75010 Paris

Informations complémentaires
www.lascala-paris.com