« Le moulin des tentations », chorégraphie de Maxence Rey, Ateliers de Paris – Carolyn Carlson

Article de Pierre-Alexandre Culo

Dans la cage des animaux : parades et tentations

Cinq corps qui se jaugent, s’observent, se sentent, s’échauffent et s’ouvrent. Ca se mange du regard, du bassin, de chaque partie du corps qui ondule, prêt à s’offrir au sacrifice des tentations. Maxence Rey crée une cage dont les animaux tremblent d’un érotisme acéré et tendre. Une proposition forte à la réalisation hétéroclite, chorégraphie qui se farde d’autant de visages que de formes de tentations qu’elle traverse.

moulin_tentation_delphine_micheli_2© Delphine Micheli

Les cinq danseurs explorent intimement leurs penchants obscurs, questionnent et provoquent leurs animalités enfouies, font vibrer au plus fort les pulsions qui les habitent. Ce qui en ressort prend la forme d’une parade primitive, aux caporalisés brutes, archaïques et terriblement humaines. L’ensemble se tord et se métamorphose en une excitation délirante, aux formes de danses populaires enivrées et exubérantes. Les corps émergent d’une masse sombre et sordide pour atteindre les chaleurs et les spasmes explosifs de la jouissance.
Chaque individualité est empreinte d’une sensibilité et d’une qualité corporelles évidente, sensible et dont l’organicité nécessaire contamine la salle d’un érotisme puissant. Sous leurs costumes aux matières latex, résilles et autres allures cuir-moustache, la chorégraphie se préserve de la nudité et développe une élégante décence des corps. Les mouvements sont suggérés, la réception en est décuplée.

moulin_tentation_delphine_micheli_1© Delphine Micheli

Plus qu’une simple convocation sensuelle, la chorégraphie est une véritable musicalité en mouvement, opérée par ce quintet de danseurs essoufflés, traversés par les percussions de la fatigue en travail, de la musicalité des respirations. Tel le chant des sirènes, un air organique de fascination émerge de cette masse à cinq branches.

 

 

Le Moulin des tentations
Conception, chorégraphie Maxence Rey
Créé et interprété par Stéphane Fratti, Leïla Gaudin, Yoann Hourcade, Thomas Laroppe, Maxence Rey
Création lumière Cyril Leclerc
Création sonore Bertrand Larrieu
Scénographie Frédérique de Montblanc
Costumes Sophie Hampe.

Le 5 et 6 février 2016,
Ateliers de Paris, Carolyn Carlson,
Cartoucherie Paris.

Le 12 février 2016
TPE de Bezons

Le 3 et 4 mai 2016
Théâtre Jean Vilar de Vitry-sur-Seine