Auteur et dramaturge, Emmanuel Darley s’est éteint le 26 janvier 2016

Dès son enfance, Emmanuel Darley voyage dans le sillage de ses parents : le Togo, puis la Lorraine avant de revenir à Paris en 1977, où il suit d’abord des études de cinéma à l’université Paris III, avant de travailler plusieurs années en librairie. Par la suite, il s’installe dans l’Aude. Il continue de voyager, en Afrique de nouveau, en Asie un peu (passages au Japon, au Viêt Nam), en Europe enfin, sur des lieux de conflits, à Sarajevo, ou de tensions, à Lampedusa.

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Un auteur talentueusement théâtral

Il publie pour commencer deux romans : Des petits garçons (éditions POL, 1993) puis Un gâchis (éditions Verdier, 1997). Après cette entrée dans le domaine romanesque, c’est la rencontre avec le théâtre, avec des compagnies, avec des metteurs en scène, des acteurs comme avec d’autres auteurs. Il va alors se consacrer largement à l’écriture dramatique. Certaines de ces pièces seront lues, d’autres mises en espace, éditées, d’autres enfin jouées. Pas bouger, créée en 2001 par la compagnie Labyrinthes à Montpellier, a été traduite en plusieurs langues et largement représentée en France comme à l’étranger.
Il revient au roman en 2003 avec Un des malheurs (éditions Verdier), prix littéraire Charles-Brisset, puis en 2007 avec Le Bonheur (éditions Actes Sud). Ces deux derniers textes, tout en revenant à une forme romanesque, prolongent en une large part sa démarche théâtrale. Ce sont des œuvres polyphoniques, donnant à entendre les voix de nombreux personnages placés hors d’un schéma narratif classique : voix des combattants ou des assiégés, des vivants et des morts dans Un des malheurs, roman autour de la guerre ; voix d’immigrés, voix de migrants en fuite, de passeurs, ou de ceux restés au pays dans Le Bonheur, roman du déracinement. Il poursuit son activité théâtrale en 2007-2008 avec Bonheur ?, texte écrit pour la mise en scène d’Andrès Lima à la Comédie-Française (mars-avril 2008 au théâtre du Vieux-Colombier).
Soutenu par Micheline et Lucien Attoun, il se lance ensuite dans l’écriture théâtrale, publié chez Théâtre Ouvert : Badier Grégoire (1998), Une ombre (2000), Souterrains (2001), puis chez Actes Sud-Papiers : Indigents (2001), Pas bouger suivi de Qui va là ? (2002), C’était mieux avant (2004), Flexible, hop hop ! suivi de Être humain (2005), Le Mardi à Monoprix suivi de Auteurs vivants (2009), Aujourd’hui Martine (2010) et Rouge suivi de Monsieur le (2015). Il a été auteur associé de la compagnie Labyrinthes, dirigée par Jean-Marc Bourg. Il écrit au fil des commandes des pièces courtes et d’autres pour le jeune public : Plus d’école et Là-haut la lune, École des loisirs, 2002 et 2003 ; Les Cinq doigts de la main, collectif, Actes Sud-Papiers, “Heyoka Jeunesse”, 2006 et Mon ami le banc en mai 2015. Il obtient le prix littéraire Charles Bisset en 2003 pour son roman Un des malheurs paru chez Verdier en 2003. Actes Sud publie en 2007 son roman Le Bonheur.
Discret et engagé, disparu trop vite, il faut souhaiter qu’il soit jouer le plus possible afin de lui rendre tous les honneurs qui lui reviennent.