[Avignon OFF] "CHUT(E)" La Compagnie Adrénalyne nous sensibilise au burn-out

Chut(e) de la Cie Adrénalyne © Cie Adrénalyne

La nouvelle création collective de la compagnie Adrénalyne traite du burn-out, un sujet de société dont on parle peu et encore moins sur une scène de théâtre. « Chut(e) » évoque un effondrement lent et silencieux jusqu’à l’épuisement professionnel, au burn-out, mais ce sont aussi les non-dits et les tabous autour de ce mal-être physique et mental lié au travail, qui peut toucher tout le monde.

Sur le plateau, deux jeunes femmes en working girls ambitieuses : Sophie qui décroche son premier CDI en tant qu’analyste marketing et Clara sa manager.
Tout s’enchaîne très vite : l’entretien est expédié à une vitesse éclair puis la prise de poste où il faut être opérationnel rapidement, maîtriser les logiciels, les statistiques, … L’entreprise passe avant tout et elle doit en devenir l’image comme le souligne sa manager.

Dans son journal, Sophie égrène les jours de travail puis ceux en télétravail… son appartement est devenu désormais son bureau. Elle a de plus en plus de responsabilités. Mais bientôt elle perd ses repères et ne va plus arriver à dormir… la fatigue s’installe, la peur de ne plus être à la hauteur.
Les deux femmes sont mises à l’épreuve et en situation (par les voix off), la vie de famille n’est bientôt plus compatible. Seriez-vous prête à présenter un gros dossier après un accouchement ?
« Je suis ambitieuse, je veux gravir des montagnes. Je m’investirai quoi qu’il en coûte… ».
Et voilà deux nouvelles victimes du burn-out.

Chut(e) de la Cie Adrénalyne © Cie Adrénalyne

Puis vient le témoignage de Sébastien, agriculteur de 42 ans qui parle de son amour des bêtes, de la difficulté à payer ses traites, les dettes accumulées et les emprunts, un engrenage puis la fin inéluctable : le suicide.

De multiples tableaux se succèdent avec des témoignages poignants de victimes de burn-out. Les ravages sont considérables et ils entraînent une transformation scénique au plateau.
La mise en scène est soignée et les comédiennes Laura Bourguignon et Madalen Larvor endossent les rôles et les costumes avec aisance.
Tout se passe à vue, la scénographie, la lumière et l’ambiance sonore accompagnent bien le récit et la partie d’échecs qui se déroule en direct avec en voix off des intermèdes qui expliquent les règles du jeu. Au fil des histoires, le damier se matérialise sur scène avec de grands carrés blancs.
La dramaturgie forte est atténuée par des intervalles faussement légers : le grand jeu « Drôle de drames », une roue de la chance où l’on peut décrocher une promotion, un stage, des jours de congés, etc…

En mettant des mots sur ce silence et ces maux et à travers une multitude de témoignages de personnes de différents horizons, la compagnie Adrénalyne nous livre sans fard les mécanismes du burn-out.