[Avignon OFF] « JE NE COURS PAS, JE VOLE ! », dépassement de soi, des athlètes déterminés à atteindre la victoire

Je ne cours pas, je vole !, mise en scène Johanna Boyé © Aurore Vinot

L’autrice Élodie Menant porte un sujet rare à la scène avec la complicité de la metteuse en scène Johanna Boyé. Je ne cours pas, je vole ! est une nouvelle collaboration après Est-ce que j’ai une gueule d’Arletty ?, un spectacle récompensé par deux Molières en 2020 (Spectacle musical et Révélation féminine pour Élodie Menant). Le texte puissant aborde à travers la compétition de haut niveau et le quotidien de l’athlète Julie Linard, une multitude de sujets tels que la discipline, l’engagement, la réalisation de soi. Cette histoire n’est pas chronologique, elle comporte de nombreux flash-backs, des conflits intérieurs par le biais de tableaux chorégraphiques ou par l’intervention des quatre idoles de Julie qui viennent la conseiller : le sprinteur jamaïcain Usain Bolt, le joueur de tennis Rafael Nadal, la nageuse Laure Manaudou et le coureur de fond éthiopien Gebreselassie. Ce spectacle est lauréat du Prix SACD 2021.

Alors qu’elle est sur le point de courir la demi-finale du 800 mètres des Jeux Olympiques à Londres, la sprinteuse Julie Linard revient sur son parcours. Douze années d’entraînement acharné pour deux minutes de course ! Douze ans où la jeune femme se prend à rêver à un destin en or. Des heures de répétitions, des heures à décortiquer un geste jusqu’à l’imprégnation totale, de la souffrance au dépassement de soi, l’athlète va au-delà de ses limites. Ce sont aussi des heures loin de sa famille, loin des amis, loin d’une vie sociale, loin d’une jeunesse insouciante. Chaque athlète a son histoire et celle de Julie Linard nous plonge dans l’univers effréné du sportif de haut niveau et au coeur de sa famille.

Si le père de Julie l’initie à la course à pied pour vaincre son asthme, il s’émerveille des grands exploits de sa fille. Sa mère très protectrice et anxieuse ne peut rien lui refuser. Son frère Alex souffre d’une anomalie cardiaque réduisant sa pratique du sport à néant. Il l’encourage et vit au travers de sa sœur qu’il admire. Dans ce cocon familial fort, l’équilibre tient jusqu’à la blessure de Julie en demi-finale des JO de 2008. Comment se remettre d’une rupture du tendon d’Achille ? Comment garder confiance en ses capacités et retrouver l’énergie de repartir de zéro ? Les doutes l’assaillent, les façades tombent et sa mère lui avoue qu’elle souhaiterait que Julie cesse sa carrière pour préserver la santé de son frère. Julie vie-elle influencée par son père ou pour faire plaisir à son frère ? Devrait-elle écouter sa mère ? Et elle, Julie, que veut-elle ? Que signifie la réussite, est-elle vis à vis de soi, des autres, en fonction des résultats ?

La mise en scène de Johanna Boyé est dynamique et très chorégraphiée. Dès l’ouverture, on découvre les quatre idoles de Julie Linard et Rita, une gymnase russe fictive sur les couloirs d’une piste d’athlétisme dessinés par des lignes bleues au sol. En tenues sportives aux couleurs criardes, ils participent à une conférence de presse, de rêves en désillusions, ils n’aspirent qu’à monter sur le podium. Les tableaux s’enchaînent avec fluidité et les chorégraphies de Johan Nus mettent en avant les corps des comédiens-danseurs. Au nombre de six : Vanessa Cailhol (Julie Linard), Olivier Dote Doevi, Élodie Menant, Youna Noiret, Laurent Paolini, Axel Mandron, ils jouent 23 personnages avec une énergie remarquable. La scénographie épurée et les lumières dessinent les différents lieux. Travail de choeur, mouvement, mise en image des rêves et sensations des personnages, le visuel est très soigné. Au-delà des paillettes, une réflexion sur le pouvoir qui sommeille en chacun de nous, la force de résilience, de rebondissement face aux épreuves de la vie, le prix de la passion et de la réussite.
Un spectacle physique et drôle que l’on suit sans effort.

Je ne cours pas, je vole !, mise en scène Johanna Boyé © Aurore Vinot

Informations pratiques

JE NE COURS PAS, JE VOLE ! Création 2021
Festival OFF d’Avignon du 7 au 30 juillet 2022

Texte
Élodie Menant

Mise en scène
Johanna Boyé

Avec
Vanessa Cailhol, Olivier Dote Doevi, Élodie Menant, Youna Noiret, Laurent Paolini, Axel Mandron
Création sonore Mehdi Bourayou
Chorégraphie Johan Nus
Costumes Marion Rebmann
Assistanat aux costumes Fanny Gautreau
Perruques Julie Poulain
Création lumières Cyril Manetta
Scénographie Camille Duchemin
Assistanat à la mise en scène Caroline Stefanucci

Dates
Du 7 au 30 juillet 2022 à 16h15 (relâches les 11, 18 et 25 juillet), Théâtre du Roi René, Avignon
Du 7 au 31 décembre 2022 (Relâche les lundis et les 13 et 25 décembre), Théâtre du Rond-Point, Paris

Durée
1h20

Adresse
Théâtre du Roi René
4 bis, rue Grivolas
Avignon

Informations complémentaires

Théâtre du Roi René
theatreduroirene.com

Festival OFF d’Avignon
www.festivaloffavignon.com

Atelier Théâtre Actuel
www.atelier-theatre-actuel.com