[Avignon OFF] « Ondine », de Jean Giraudoux, mise en scène Gwenhaël de Gouvello à la Cour du Barouf

Article d’Ondine Bérenger

L’innocence tragique de l’amour

Nymphe des eaux du Rhin, Ondine vit chez un couple de pêcheurs quand, par un soir d’orage, elle rencontre le chevalier Hans von Wittenstein zu Wittenstein dont elle s’éprend immédiatement. Confiante en l’amour, elle accepte le pacte du Roi des Ondins : elle partira avec Hans vivre chez les humains, mais s’il la trompe, il mourra et elle retournera dans le fleuve en perdant toute mémoire de son humanité. Jeune fille pure aux sentiments infaillibles, elle se heurte à un monde imparfait d’hypocrisie et de faux-semblants qu’elle ne peut comprendre.

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Dans un décor de bois en plein air, comme un théâtre de marionnettes grandeur nature, les comédiens font vivre la pièce de Jean Giraudoux avec autant de simplicité que de poésie. Il suffit de quelques longs tissus blancs étendus en travers du plateau pour transformer la maison de pêcheurs en Cour royale, quelques accessoires pour donner corps au récit sans l’encombrer de difficultés techniques (« on ne fait point monter des eaux la ville d’Ys […] sans matériel» dirait le chambellan) pour faire surgir l’authenticité du texte. S’inspirant de la commedia del arte pour créer une Cour à la fois mystérieusement inquiétante et haute en couleur, la compagnie parvient à restituer scéniquement tout ce qui fait le charme de l’écriture de Giraudoux : son lyrisme si particulier, à la fois tragique et joyeux, décalé et grave.

Marie Grach incarne ici une Ondine d’une grande vitalité, ni trop puérile, ni trop mature : elle possède précisément le charme adolescent d’une nymphe de quinze ans, passionnelle innocente à la découverte d’un monde dangereux. A ses côtés, Paul Debreil, en chevalier Hans, brise l’image du personnage romantique pour devenir ni plus ni moins qu’un homme, dans toute sa maladresse et son imperfection. Tous deux tiennent un bel équilibre, et évitent l’écueil de la caricature ou de la copie des interprétations célèbres qui rendent Ondine si délicate à monter aujourd’hui. On déplorera seulement quelques défauts de diction du chevalier qui rompent par moments le charme du texte, lequel, par ailleurs, a été allégé avec suffisamment de maîtrise pour ne pas déranger le fil du récit.

Les autres comédiens sont également convaincants dans leur(s) rôle(s) respectifs, bien qu’on puisse trouver Bertram un peu trop excessif dans ses manières.

Quoiqu’il en soit, c’est un bel hommage à l’œuvre de Jean Giraudoux qui nous est proposé dans cette Cour du Barouf.

 

Ondine

Interprète(s) Marie Grach, Paul Delbreil, Charlotte Desserre, François Podetti, Stephane Douret, Valerie Haltebourg, Armelle Yons, Alain Carnat, Gwenhaël de Gouvello, Thierry Lauret, Felix Martinez, Camille Martin

Metteur en scène Gwenhaël de Gouvello

Administration Sabine Grach, Lucie Gougeon

Technicien Emilien Andro

Regisseuse Aurore Beck

 

 

Du 7 au 30 juillet 2016

 

 

Cour du Barouf

7 bis, rue Pasteur

84000 Avignon

http://catogan.com/