« Balthazar », conception Nicolas Liautard, Cie Robert de Profil, Théâtre Paris Villette / Théâtre de la Ville

Article de Pierre-Alexandre Culo

 

Spectacle à deux visages, format bambin ou grands enfants, les ânes de Nicolas Liautard parlent plusieurs langues. Balthazar sont des ânes avec ou sans bonnet. Quelle difficulté d’être traité d’âne, de sentir le poids du regard se poser sur leurs si longues oreilles offertes au jugement. Un homme qui ne parle plus, et un âne qui se met à causer. Tout est à l’envers et pourquoi pas ? Une conteuse, mi-femme mi-ânesse, tout droit sortie de la forêt d’un Songe d’une nuit d’été, chuchote haut et fort « dans un monde où la plupart des hommes parlent comme des ânes, pourquoi un âne ne parlerait-il pas comme un homme ? »

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© robertdeprofil

Nicolas Liautard écrit un conte à deux destins parallèles où le vieux projectionniste muet et l’animal bavard ne se rencontreront que dans les écrits fantastiques du vieil homme. La conception de ce conte prend de l’ampleur dans la complexité de ses personnages aux destins croisés mais souffre d’un propos devenu grossier à force de manquer de subtilité et de douceur. Ce conte déterre ses sabots du sol pour des envolées oniriques et visuelles pourtant percutantes. En parodiant les mises en scène du metteur en scène italien Romeo Castellucci, dans un numéro mordant où s’agitent des clowns « Orestiques », Nicolas Liautard se piège dans un dispositif scénique aseptisé. Cette boîte blanche se creuse et se déploie par un système de rideaux où la magie des apparitions et disparitions opèrent. La scénographie ultra-contemporaine dénote avec le traitement général de l’esthétique, suscitant une part anxiogène du conte qui ne semble pas contrôlée.

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© robertdeprofil

La magie opère avec l’apparition annoncée et trop attendue d’Appolo, l’âne en chair et en sabot, qui arrive pour parler au micro. Un coup d’éclat bien trop court et anecdotique pour être véritablement reconnu. Balthazar est une création jeune publique efficace qui manque d’une certaine magie pour faire véritablement parler ce qui ne le devrait pas.

 

 

Balthazar

Conception des spectacles et scénographie Nicolas Liautard

Lumières Bruno Rudtmann

Son Thomas Watteau

Vidéo Michaël Dusautoy

Masque Anne Leray

 

Avec Jean-Charles Delaume, Jürg Häring et Marion Suzanne

Et l’âne Apollo.

 

Du 12 au 28 octobre 2016

 

Théâtre Paris Villette

211 avenue Jean Jaurès

75019 Paris

www.theatre-paris-villette.fr