« BILLYBEILLE », Hyperactif ? Hypersensible ? Le jeune Billy a bien des soucis

Billybeille de Evan Placey aux Éditions Théâtrales Jeunesse
Théâtre pour jeune public, traduit de l’anglais par Adélaïde Pralon

Dix ans, dernière année d’école primaire. Le collège se profile et cela angoisse beaucoup d’enfants ainsi d’ailleurs que leurs parents. Billy a donc dix ans mais en plus de la crainte d’aller en sixième, il souffre de deux choses :
D’une part, il a été diagnostiqué hyperactif, victime d’un manque flagrant de concentration, D’autre part, si sa mère essaie de faire face, son père a fui en laissant là ses ruches chéries qui étaient un lien fort entre Billy et lui.
La plupart du temps, nous sommes dans la tête de Billy. Aucun recul. Billy n’a pas le temps de réfléchir, il agit – souvent à contre-temps. Sa première apparition est saisissante : en tenue d’apiculteur, il s’adresse au public :
Reste assis. Tu peux faire ça, non ? t’as qu’à rester assis pendant la durée du spectacle. Et ne parle pas… si le public est constitué d’enfants, cette prise à partie est assez déstabilisante, en même temps qu’elle implique chaque spectateur et le questionne. Toute personne qui a assisté à des séances scolaires sait qu’il est souvent difficile d’obtenir l’attention silencieuse des enfants ! Plus fort encore, le jeune Billy questionne cette institution même : appeler ça un spectacle, c’est exagéré, juste un type avec un PowerPoint qui explique comment à force de travail, il a pu surmonter sa dyslexie… et voilà. La pièce met ainsi en scène diverses situations de stress qui entraînent l’enfant dans des actions d’échappement fort bien décrites ; entraînant les protestations des parents d’élèves, la colère de la maîtresse, l’exclusion ou la mise à pied.

Alors, pour se consoler, le jeune Billy se rabat sur les ruches et son monologue devient une adresse au père. Il lui a fait cadeau d’une ruche désactivée et d’abeilles mortes dans des bocaux; mais comme il a laissé à l’abandon les ruches vivantes dont on craint l’essaimage, Billy prend des initiatives en copiant les actes de son déserteur de père… l’enfer étant pavé de bonnes intentions, cette action, comme les autres ne peut que mener à la catastrophe…
Ce qui est intéressant, c’est la façon dont l’auteur entremêle les problèmes de l’école et la relation au père. De plus, des retours en arrière mettent en présence le père, la mère, le grand frère et le gamin. Tensions entre les parents, incompréhension de Billy qui évite les situations pénibles en s’agitant. Deux moments sont particulièrement savoureux (et tragiques) la représentation scolaire dans laquelle on a confié à Billy le rôle immobile de l’arbre; et le jour catastrophique de son anniversaire auquel il ne peut prier personne, lui qui n’est plus jamais invité, à cause de son aptitude à provoquer des catastrophes !
Fort heureusement, la proximité de Billy avec les abeilles va le sauver socialement. Il paraît que tu sais parler aux abeilles ? Et puis, une structure spécialisée dans l’accueil d’enfants hyperactifs se substituera à l’école « normale » … non sans médicaments !

C’est donc une pièce complexe qui met en scène un enfant « différent », mais pas tant que ça, un enfant qui ressemble aux autres et qui finira par savoir qui il est. C’est l’histoire d’une réconciliation avec soi, avec ses parents et son frère; c’est l’histoire de l’acceptation aussi. S’accepter soi, accepter les autres tels qu’ils sont et apprendre … apprendre à rester assis ?

Créée au Royaume Uni en 2016, Billybeille intéresse plusieurs compagnies en France et a été lue dans le cadre du festival « regards croisés » et sélectionnée pour la Mousson d’Hiver 2021.

Auteur(s)
Evan Placey
traduit de l’anglais par Adélaïde Pralon

Prix
8 euros

Éditions Théâtrales Jeunesse
www.editionstheatrales.fr