« Brassens n’est pas une pipe » mise en scène de Susana Lastreto, au Théâtre de l’Atalante

Un article de Paula Gomes

Impertinences et fantaisies poétiques : GRRR quel talent ! 

 

Le temps d’un music-hall à la butte Montmartre, la compagnie GRRR revient sur les pas de Georges Brassens dans ce quartier, non loin des cabarets où sa carrière s’est lancée. L’image de l’homme à la pipe, à la moustache et aux cheveux blancs se profile. Que sait-on de l’artiste sétois et de son univers ? Était-il anarchiste, mysogyne, libertaire ? Susana Lastreto en meneuse de revue malicieuse et fantaisiste nous livre quelques traits de sa personnalité, accompagnée de quatre comédiens-chanteurs dans une interprétation libre et originale de dix-sept chansons, des textes, des poèmes célèbres ou plus rares. Chacun parlera de « son » Georges B. et abordera les thèmes qui lui sont chers avec pudeur, tendresse ou impertinence : amour, politique, résistance, mort, rêverie et même actualité. Un voyage poétique, drôle et entraînant à travers le brillant répertoire du chanteur engagé, où l’on retrouve son esprit et sa verve remarquable. En solo, duo, ou en choeur, les voix et arrangements musicaux sont étonnants et si le mistral souffle avec impertinence, l’homme à la pipe n’est jamais bien loin et quelques animaux s’invitent sur scène. Un petit coin de paradis à découvrir.

Créé en 2011, ce spectacle rend un vibrant hommage à Georges Brassens disparu 30 ans plus tôt. « Brassens n’est pas une pipe » paraphrase le tableau de Magritte et révèle en plusieurs toiles tout le talent et l’âme profonde et irrévérenceuse du poète. Susana Lastreto propose une mise en scène ingénieuse sans cesse renouvelée dans la partition vocale, les interprétations poignantes ou fantasques des comédiens et les arrangements musicaux originaux d’Annabel de Courson et Jorge Migoya. Les tenues et accessoires sont méticuleusement choisis et appréciés par le décalage et les effets de surprises provoqués. Un univers qui à mesure devient familier avec des personnages attachants. Tel l’homme qui se prend pour Brassens avec sa guitare mais ne se souvient pas des paroles, sous les traits du talentueux François Frapier. Ou l’homme à l’esprit ouvert et irrésistible joué par Jorge Migoya, qui brille par sa présence et offre une version touchante de « Auprès de mon arbre ». La charmante Hélène Hardouin fait résonner sa voix éclatante et «Le gorille » et autres chansons rendent compte de la nature humaine, des émotions et sont des instantanés de la vie. L’attention du public est accrue et les voix se mèlent parfois dans un moment de partage et de souvenirs jubilatoires. Place à la musique et à l’humour !


Brassens n’est pas une pipe  

Compagnie GRRR (Groupe Rires, Rage, Résistance) 

Textes du spectacle extraits du livre «Brassens par Brassens » de Loïc Rochard, éditions du Cherche-Midi, et de « Brassens, oeuvres complètes”, éditées par Jean-Paul Liégeois. 

Mise en scène Susana Lastreto Avec François Frapier Hélène Hardouin Annabel de Courson Jorge Migoya Susana Lastreto 

Arrangements musicaux Annabel de Courson et Jorge Migoya 

Lumières Stéphane Deschamps Accessoires Danièle Heusslein-Gire Assistant Igor Oberg Régie Antoine Duris 

Du 1er au 6 Février 2017 

Les lundis, mercredis et vendredi 20h30, les jeudis et samedis à 19h, les dimanches à 17h Durée 1h20 

Théâtre de l’Atalante 

10, place Charles Dullin 

75018 Paris