« Coup d’oeil sur le Festival d’Avignon OFF #2 » 

Retrouvez ici quelques brèves sur certains spectacles présentés dans le festival OFF.

Le temps qui rêve, de et mis en scène par Axel Drhey au Théâtre des 2 Galeries. Voyage dans douze bulles de rêve d’un homme au crépuscule de sa vie. Sur fond de Serge Reggiani et de tirades shakespeariennes, douze huis-clos entremêlés dans différentes époques racontent la vie de Gabriel, vie vécue ou fantasmée, rêvée, avec ses peurs, ses émotions, ses regrets et ses joies. Le spectacle parvient à reproduire l’atmosphère si confuse et étrange des songes, où l’on interprète parfois sans comprendre, ou les images se mélangent et les symboles affleurent au milieu d’énigmes. On y retrouve les grandes thématiques de la mort, l’amour, la maladie, le temps, toujours avec une poésie presque absurde qui évite les lieux communs et résonne comme un hymne à la vie. Entre vidéo enregistrée ou en direct, jeu distancié par un voile tendu entre la scène et la salle qui, comme dans un rêve, trouble nos perceptions, cette représentation chimérique est aussi riche que troublante. Une forme de théâtre originale, expérimentale pourrait-on dire, où les comédiens nous transportent dans un univers qu’ils maîtrisent à merveille. On ne peut qu’encourager cette création fantastique dont l’originalité même est une ode à l’existence.

 

Après une si longue nuit, de Michel Laurence, mise en scène Laurent Natrella au Théâtre des Corps Saints. Quatre orphelins venant de pays différents, rescapés de grands conflits, ont été adoptés par la même famille. Ils se retrouvent, après des années de séparation, au chevet de leur mère malade et font ressurgir le passé. Malgré un synopsis prometteur et des comédiens très investis, le spectacle nous laisse finalement sur notre faim. En effet, il ne parvient pas à éviter l’écueil des clichés, et semble plus proche d’une fiction issue d’un surfaçage de journal télévisé plutôt que d’une réelle réflexion en profondeur, ce qui lui donne un air parfois très manichéen. Il présente néanmoins quelques moments d’émotion, mais l’ensemble manque de finesse. Notons tout de même la très belle scénographie, avec des décors épurés, mouvants et multi-fonctions, signée Delphine Brouard.

 

Pompiers, de Jean-Benoît Patricot, mise en scène Serge Barbuscia au Théâtre du Balcon. L’histoire glaçante d’un procès où se retrouvent une jeune fille « limitée » et le pompier qui l’a utilisée comme objet sexuel. Succès du OFF 2016, la pièce est à nouveau présentée cette année au Théâtre du Balcon. Portée par deux interprètes d’exception qui réalisent une performance difficile, sans jamais sombrer dans le jugement, le pathos ou la caricature, la représentation ne manque pas de nous insuffler une terreur certaine. A voir absolument, mais prévoyez une période de décompression : on ne sort pas indemne d’un tel spectacle.