D'autres vies que la mienne, Emmanuelle Carrere, Tatiana Werner.

Un article de Richard Magaldi-Trichet

Les mots pour le dire…

Décor épuré, tout simple, un canapé, un fauteuil. Des projections de temps en temps sur un écran en fond de scène : des mots, qui frappent, qui disent…

Le roman d’Emmanuel Carrère était déjà émouvant à lire au vu des sujets abordés : perte d’un enfant, fin de vie…Les mêmes mots repris sur scène amplifient l’écho des situations, et nous renvoient à nos propres expériences.
Et pourtant la catharsis fonctionne. David Nathanson est parfait de retenue et de simplicité pour nous raconter ces histoires qu’on voudrait loin de nous. Pas de pathos, tout paraît naturel. Que fait un jeune de vingt-deux ans la veille de son amputation d’une jambe pour mauvaise tumeur ? A l’anniversaire de sa petite amie il lui chante « Viens danser » avec un sourire désarmant. Il y a aussi de la révolte dans ces témoignages que nous livre le texte : la situation sociale, les établissements de crédit…Les juges sont parfaits dans la défense des démunis devant le système qui les enfonce. On oublie la maladie, on pense au combat, et le propos devient vivifiant et tonique.
Tatiana Werner signe une mise en scène percutante et qui va à l’essentiel. Ces autres vies héroïques et bouleversantes qu’elle nous raconte avec David Nathanson nous font oublier la nôtre. Pourvu que ça dure !