Article de Pierre-Alexandre Culo
« De la grenouille au tigre, la fable moderne de Pauline Bureau »
Pauline Bureau signe un spectacle jeune public à l’univers affirmé, en métamorphose croissante entre l’hyperréalisme et l’onirisme des films d’animation. Dormir cent ans tisse les parcours d’Aurore et Théo lors de ce passage déroutant de la préadolescence, ce parcours initiatique qui se détache de l’enfance sans pouvoir s’accrocher aux branches de l’adolescence. Ludique et poétique, Pauline Bureau dessine avec justesse les contours de cette période de solitude et d’incertitude qui sauront résonner aux oreilles de chacun.
© Cécile Zanibelli
Théo sait qu’il est « un grand maintenant » mais préfèrerait ne pas se retrouver seul lorsqu’il rentre à la maison, Aurore se rend compte que quelque chose se passe à l’intérieur de son corps mais ne sait pas trop quoi, Théo parle au Roi Grenouille tout droit tiré de sa B.D. préférée, Aurore prend en photo toutes les parties de son corps pour comprendre et mieux s’appréhender. Chacun de leur côté, ils vont questionner ce qui se transforme en eux et autour d’eux. Sans comprendre, ils errent dans leurs questions sans réponses et solitaires. Ne rien faire et s’endormir, peut-être en voilà une idée ? Une fois endormis, c’est dans une forêt où se côtoient tigres blancs, chouettes et animaux étranges que Théo et Aurore vont se rencontrer, se trouver, et où vont se frôler les tous premiers baisers.
© Cécile Zanibelli
Dormir cent ans se démarque grâce à un univers visuel et scénographique fort permettant d’emmener ces histoires privées vers les contes mythiques de Perrault ou Andersen. Tous les codes y sont adaptés pour créer ce fabuleux conte moderne. Les images en deux dimensions prennent un relief éblouissant sur les surfaces planes à plusieurs niveaux. Les comédiens s’immiscent entre réel et virtuel, songe et réalité avec une aisance surprenante. Les choix parfois stéréotypés du jeu préadolescent laissent place très rapidement à un attachement fort pour ces enfants en quête de réponses.
Dormir cent ans
Texte et mise en scène de Pauline Bureau,
avec Yann Burlot, Nicolas Chupin, Marie Nicolle, Géraldine Martineau en alternance avec Camille Garcia
dramaturgie Benoîte Bureau
création & régie lumière Bruno Brinas
composition musicale et sonore & régie son Vincent Hulot
régie vidéo Christophe Touche
costumes Alice Touvet
scénographie & réalisations visuelles Yves Kuperberg composition effets visuels Alex Forge
régie générale Thomas Coux
régie vidéo Christophe Touche
collaboratrice artistique Cécile Zanibelli
Du 14 au 2 juin 2016
Théâtre Paris Villette
211 avenue Jean-Jaurès
75019 Paris