« J’avais un beau ballon rouge » d’Angela Dematté, mise en scène de Michel Didym

Article de Jeanne de Bascher

L’illusion comique

Le duo Bohringer, ensemble à la ville et au théâtre, pour le meilleur et pour le pire.
Richard et Romane Bohringer sont, pour la première fois, réunis sur scène. Ils jouent une tendre et tumultueuse relation entre un père et sa fille dans l’Italie des années 70. Romane est Margherita Cagol, co-fondatrice des Brigades rouges, groupe terroriste d’extrême gauche. Basé sur une histoire vraie, ce biopic manque de saveur.

BALLON ROUGE Photo Libre de droits (scene)(c)Eric Didym_2© Michel Didym

Dans la famille Bohringer je demande la fille ! Romane interprète à merveille l’esprit fougueux de la jeune révolutionnaire. Ses idéaux (et idées hautes) la poussent à orchestrer des attentats qui la font lentement basculer vers la barbarie. En cela, la pièce fait bien sûr écho aux évènements actuels, sans pour autant livrer d’analyse, même sur le plan humain. On aurait aimé voir une personnalité plus creusée et travaillée. Consolons-nous avec l’illusion comique des thèses trotskistes clamées avec ardeur par la fille Cagol. Les gestes de l’actrice, incarnée, sont de plus en plus saccadés, comme pour mimer un pantin guidé par l’aveuglement.

BALLON ROUGE Photo Libre de droits (portrait)(c)Eric Didym_1© Michel Didym

Du côté du père, la transformation physique détonne ! Richard le bellâtre est désormais un papet. Il interprète cet ancien ouvrier comme un homme simple, voire simplet, sans vraiment se fouler. Un fool sentimental ?
Ces scènes de la vie privée, sur fond de conflit entre générations, attendrissent et charment le spectateur, en grande partie grâce au lien qui unit les Bohringer. Heureusement, le talent et la vivacité de Romane sauvent la pièce, qui reste globalement moyenne. Le décor, qui se veut d’époque, apporte une touche d’histoire et rehausse une mise en scène classique.

 

J’avais un beau ballon rouge
d’Angela Dematté
Mise en scène de Michel Didym
Avec Richard et Romane Bohringer
Traduction Caroline Michel et Julie Quenehen
Scénographie Jacques Gabel

Du 27 novembre 2015 au 3 janvier 2016

Théâtre de l’Atelier
1 place Charles Dullin
75018 Paris
http://www.theatre-atelier.com/