Par les fortes chaleurs de ce week-end, la fraîcheur d’une cave est appréciable. Cet espace souterrain étroit et sans lumière naturelle devient un instant le lieu de représentation où l’histoire prend forme laissant place à l’imaginaire. Guillaume Dujardin, créateur et directeur artistique du festival de Caves propose des formes théâtrales originales, un moment de convivialité et d’échanges. Pour cette 12ème édition, de nombreuses créations (commande, adaptation, écriture collective, pièce) dans l’unité de lieu qu’est la cave. Compagnies et metteurs en scène récurrents ou occasionnels vivent une expérience unique en toute liberté, le résultat est varié et étonnant. Un partenariat se poursuit avec les territoires frontaliers en Suisse francophone ouvrant de nouvelles perspectives.
Besançon accueille « L’Histoire du Tigre et autres textes » interprété par Jean-Philippe Hoffman cofondateur du Théâtre Tumulte à Neuchâtel. Les aventures fantastiques et tendres d’un paysan, soldat de la 7ème armée de Mao Tse Tung à l’époque de la Longue Marche dans l’Himalaya. Ce chinois blessé à mort se réfugie dans une caverne et se retrouve face à une tigresse et son petit. Un courage et une détermination remarquables face aux dangers et la force comique de Dario Fo pour désamorcer la peur. Une fable sociale qui dénonce les violences, les abus et ouvre la réflexion.
Dans la cave voûtée, derrière le rideau improvisé, le comédien apparaît pieds nus et conte ce récit à la première personne, entrant parfois dans le vif de l’action. Au centre, une petite caisse en bois sera le seul élément de décor. La mise en scène minimaliste conduit le spectateur à se créer ses propres images. La cave devient une grotte, un abri loin de l’agitation extérieure. Le comédien jongle avec les mots et déambule dans l’espace en s’adressant au public, installé dans un dispositif tri-frontal. Malicieux, craintif ou téméraire, ce parcours initiatique plein de rebondissements fait grandir l’individu. Le débit du comédien est parfois trop rapide et c’est dommage de ne pas avoir exploité plus le lieu. Mais le conteur n’est jamais à court d’histoire et poursuit avec « le Sacrifice d’Isaac » : Abraham par amour pour son Dieu n’hésite pas à commettre un acte de pure barbarie, un infanticide. Dans cette scène biblique, Dario Fo dénonce le fidélisme borné, une histoire qui résonne aujourd’hui avec l’actualité internationale. Un spectacle accessible et proche du spectateur pour les amateurs de beaux contes.
Informations pratiques
Auteur(s)
D’après « L’Histoire du Tigre » et « Le sacrifice d’Isaac » de Dario Fo
Avec
Jean-Philippe Hoffman / Théâtre Tumulte (Neuchâtel)
Dates
26, 27 et 28 mai à Besançon
dans le cadre du Festival de Caves du 28 avril au 24 juin 2017
Durée
1h
