« Nadia C » d’après « La petite communiste qui ne souriait jamais » de Lola Lafon, mise en scène Chloé Dabert, 104, Paris

Un article de Pierre-Alexandre Culo

 

À travers les fantasmes de l’histoire, avec grand ou petit H, ou encore à travers les fantasmes des mots de Lola Lafon, Chloé Dabert invite à rêver la figure de Nadia Comaneci avec un seul C. Une fille pour trois voix de femmes. Cette Nadia C. virevolte avec simplicité dans l’ombre d’un symbole de perfection, mais peine tout de fois à se raccrocher au réel.

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© Lynn SK

De la neige d’un écran de télévision nostalgique où semble se dessiner le visage de l’enfant prodige, le plateau s’ancre dans la réalité brutale d’une salle de gymnastique. Les trois femmes qui hantent, courent, se glissent, ou s’entraînent dans cette salle désertée, racontent à travers les mots du roman de Lola Lafon, un chemin documentaire et fantasmé de la jeune Nadia Comaneci. La gymnaste de 14 ans stupéfie le monde entier ce jour de 1976 aux jeux olympiques de Montréal en atteignant pour la première fois la perfection du 10. Figure mythique et idéologique, dans un monde déchiré entre Est et Ouest, Lola Lafon invoque grâce à la force de ses mots les spectres des mouvements de Nadia Comaneci.

Chloé Dabert accompagne ces mouvements avec simplicité et humilité dans une mise en scène épurée qui souffre cependant d’un manque d’ancrage dans le réel. La parole narrative peine à se délivrer du passé pour atteindre la nécessité du présent. Comme des spasmes, et contractions, sa Nadia C. nous secoue avec bonheur, quand ces soubresauts ne sont pas suivis d’une baisse de tension. Cette figure que l’on découvre dans son intimité manque d’organicité.

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© Lynn SK

L’ensemble reste aussi frais et inventif que la belle surprise d’Orphelin de Denis Kelly, et servi par des comédiens tout aussi irréprochables. Une belle occasion de découvrir le travail de cette jeune metteur en scène et du texte d’une auteur à connaître absolument.

 

 

Nadia C.

d’après l’œuvre de Lola Lafon, « La petite communiste qui ne souriait jamais »

adaptation et mise en scène Chloé Dabert

collaboration dramaturgique Brigitte Ferrari

scénographie et vidéo Pierre Nouvel

création lumière Kelig Le Bars

création son Laurent Guerel

avec : Suliane Brahim, Anna Cervinka, de la Comédie-Française, et Alexandrine Serre

 

 

Du 13 au 20 avril 2016

 

 

Au CENTQUATRE

5 rue Curial

75019 Paris

www.104.fr