« Peau d’âne », Mise en scène de Jean-Michel Rabeux au Théâtre des Abbesses

Article de Emmanuelle Zot

Obéir à son papa, mais « pas à tous les coups »

Jean-Michel Rabeux reprend au théâtre des Abbesses son adaptation de Peau d’âne, dans une mise en scène décalée qui ravit petits et grands.

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© Ronan Thenadey

« Mon enfant, on n’épouse jamais ses parents », beaucoup de parents d’aujourd’hui ont été bercés par ce refrain tiré du film de Jacques Demy en 1970. Mais Jean-Michel Rabeux offre aujourd’hui à ces parents et à leurs enfants une version revisitée et déjantée du conte de Perrault.

Ici, pas de chansons, ou alors en play-back – Bjork ! – une fée jouée par un comédien délicieusement travesti vêtu de tulle rose, des robes qui tombent du ciel, un prince boxeur qui s’entraine sur Rocky, et une Peau d’âne au caractère bien trempé.

Là où Jean-Michel Rabeux fait mouche avec cette adaptation, c’est dans son respect de la trame du conte et des réflexions qui en découlent. On suit pas à pas l’histoire de cette jeune fille hésitant entre obéir à son père ou conserver sa liberté.

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© Ronan Thenadey

Aurélia Arto dégage une énergie étonnante dans ce rôle taillé pour elle, oscillant entre calme et hystérie, pleine de charme. Christoph Sauger en fée est très drôle et apporte un contrepoint ultra contemporain bienvenu. Car Jean-Michel Rabeux s’amuse dans sa mise en scène, à détourner les codes du conte pour le transposer dans le monde d’aujourd’hui et dans le théâtre d’aujourd’hui. Ainsi les comédiens équipés de micro peuvent travestir leur voix selon les moments et créer des bulles de merveilleux ou de drôlerie.

Dans un décor composé de bric et de broc – drap, chariots de supermarché, aspirateur – chacun peut laisser aller son imagination, penser les lieux, les situations à sa guise. La force du spectacle réside en effet dans cet appel au spectateur, à son imaginaire, à son interprétation. Les enfants rient, sortent ravis, et les adultes ne sont pas en reste, puisque des multitudes de petites références sont distillées pour eux au fil du spectacle.

 

Un spectacle qui fait du bien et donne à réfléchir sur les relations parents/enfants.

 

Peau d’âne

Texte et mise en scène Jean-Michel Rabeux

D’après Charles Perrault

Avec Aurélia Arto, Hugo Dillon/Julien Kosellec, Christophe Sauger, Dianko Diaouné

Décors, costumes et maquillages Pierre-André Weitz

Lumières Jean-Claude Fonkenel

Son Samuel Mazzotti

Assistant à la mise en scène Geoffrey Coppini

 

Du 20 avril au 24 avril 2016

 

Théâtre des Abbesses

31 rue des Abbesses

www.theatredelaville-paris.com