« Pièce d’actualité n°7 : Sport de combat dans le 93 : la lutte » sur un texte et une mise en scène de Stéphane Olry au Théâtre de la Commune

Article de Justine Uro

Lutter pour exister

S’inscrivant dans une série de « Pièces d’actualité » débutée en 2014 et commandée par le théâtre de la Commune, Pièce d’actualité n°7 a pour sujet central, comme les six autres qui l’ont précédée, les habitants de l’environnement géographique du théâtre. Le territoire de la Seine-Saint-Denis est au cœur de la problématique de ces représentations, sur scène comme dans le public.

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© Revue Eclair

Dans Pièce d’actualité n°7 : Sport de combat dans le 93 : la lutte, on assiste avant tout à un entraînement de lutte tel qu’il s’en passe plusieurs fois par semaine à Bagnolet. Les lutteurs ne sont pas des comédiens professionnels mais les membres de l’association des Diables Rouges, club de lutte de Bagnolet. Néanmoins, sur scène, des personnages se dessinent, comme le plus jeune qui provoque à plusieurs reprises le rire dans le public. Très concentrés tout au long de la représentation, ils font preuve d’un réel investissement dans le projet. Ils sont encadrés par deux entraîneurs, ceux des Diables rouges. L’entraînement est rythmé, diversifié, intéressant. Tous les âges sont représentés, d’environ six ans à l’âge adulte, et parmi la vingtaine de lutteurs, presque un quart sont des lutteuses. Une très jeune fille prend des photos, sans que l’on en comprenne vraiment l’intérêt.

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© Revue Eclair

Le plateau est équipé de tapis de combat, d’une corde d’entraînement, de bancs de spectateurs comme ceux que l’on trouve dans un dojo. Les lumières ne sont pas des projecteurs mais des lampes telles celles des salles de sport. Pour faire spectacle, quelques éléments entourent l’entraînement. Une femme le commente, donne des informations historiques sur la lutte, explique les règles, récite des passages du combat de d’Enkidu et Gilgamesh. Ancienne danseuse qui, après une mauvaise réception, ne peut plus soumettre son corps à la rigidité du sport, elle transmet son ressenti sur les corps en lutte, sur ce qu’elle observe et connaît des lutteurs venus d’horizons très divers en assistant régulièrement à leurs entraînements. Il n’y a pratiquement pas d’interaction entre elle et les lutteurs qui ne remarquent pas sa présence et ne réagissent ni à ses propos ni à ses déplacements. Cela donne la désagréable impression qu’elle a de l’affection pour les lutteurs mais qu’il y a eu peu d’échanges entre elle et eux. Davantage d’interactions donneraient une autre profondeur à la pièce, comme le montre la fin où la narratrice affirme qu’elle a entendu que Gauthier était le meilleur. L’entraîneuse reprend en apostrophant Gauthier : « Il paraît que c’est toi le meilleur, montre-le-nous ! ».

L’autre élément introduit pour faire spectacle est un homme costumé en mannequin de lutte, en balance, puis en médaille qui apparaît à trois reprises dans ces rôles. Il aborde sur le ton de l’humour le quotidien des sportifs. Totalement en décalage par rapport au prosaïsme du reste de la représentation, il a peu de contenances. Il est en effet dommage que ces éléments soient trop artificiellement intégrés à la représentation, de sorte que la magie du spectacle n’opère pas.

Cette représentation est un moment agréable et instructif pour qui veut découvrir la lutte mais il y manque une substance théâtrale pour pouvoir la nommer spectacle.

 

 

 

Pièce d’actualité n°7 : Sport de combat dans le 93 : la lutte

Mise en scène Stéphane Olry

Costumes Frédéric Baron et Emilie Faïf

Lumières David Pasquier

Son Géraldine Doudouet
Avec Corine Miret, Frédéric Miret et les lutteuses et lutteurs de Bagnolet Lutte 93 « Les Diables Rouges »

Film Aurélie Epron et Guillaume Jomand

Réalisation Cécile Saint-Paul

Son Bart Velay

 

Du 29 novembre au 15 décembre 2016

 

La Commune – centre dramatique national

2 rue Edouard Poisson

93300 Aubervilliers

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