« DANS LE PLUS SIMPLE APPAREIL »  Une belle vision de ce qui va arriver vite ! 

C’est une histoire qui va nous arriver. Dans le plus simple appareil anticipe avec beaucoup de justesse les progrès de la robotique et de l’intelligence artificielle, et ses conséquences sur notre monde et notre mode de vie. Il s’agit de l’histoire d’Anna, élément non-intégré dans cette nouvelle société post-moderne. Contrairement aux scénarios classiques d’anticipation, Anna se sent mal de ce rejet, et cherche à vivre dans cette même harmonie humanité-machines qu’elle voit autour d’elle, plutôt que d’engager le traditionnel conflit homme versus machine. On est oppressés, la présence omniprésente de la robotique et l’atténuation de celle du vivant, renforcées par une scénographie sombre et angoissante (peut-être un peu trop) nous enferment avec elle. Elle n’a aucune autre solution que de se « faire soigner », et aucune issue n’est envisageable autre que de plonger dans ce nouveau monde. À l’heure de la popularisation de la réalité virtuelle, des progrès exponentiels en robotique, et de la « simplification » de la vie quotidienne par les machines, tout cela ne paraît plus si loin. On pourrait en venir nous aussi à demander bientôt à notre robot de compagnie d’aller nous acheter des yaourts.

La pièce se poursuit avec l’histoire de Natan, jeune sportif extrême sponsorisé par la Robot&Cie, pour tester les nouvelles greffes artificielles en cas d’accident. On nous propose le premier hybride homme-machine, cyborg du quotidien, auquel on a moins le temps de s’attacher, et qui fera légèrement perdre le fil de l’histoire d’Anna qu’on aurait voulu poursuivre. La cohérence du texte (parfois un peu bancale) retombe sur ses pattes grâce à la toile de fond. Le.s personnage.s de Baudouin Sama représentent le contrôle total et un certain côté démiurge de la Robot&Cie sur l’environnement présenté, chose qui nous tire de notre quotidien et nous accroche jusqu’au bout.

Le grand point fort de cette création reste ses trouvailles de mise-en-scène. Juliette Malfray fait le choix d’une pluridisciplinarité sur scène, mêlant marionnette, vidéo et musique en direct, théâtre bien sûr, et même un interlude dansé. Les images ainsi créées offrent différents rapports aux personnages, différentes adresses et donc ressentis du spectateur, parallèlement à une beauté graphique indéniable. C’est ce qui nous fera vite oublier les quelques écueils du texte ou la trop grande quantité de propos abordés, et nous aidera à plonger dans son univers. Les partis pris sont justes, beaux, on a envie d’y croire et on y arrive facilement.

Une anticipation angoissante, sentimentale, drôle, et surtout originale !

Informations pratiques

Texte et Mise en scène
Juliette Malfray

Avec
Charlotte d’Ardalhon, Antoine de Foucauld, Baudouin Sama, Maxime Fraisse (musique live)

Dates
Du 13 au 21 octobre 2017

Durée
1h10

Adresse
Théâtre de La Reine Blanche
2 bis, passage Ruelle
75018 Paris

www.reineblanche.com