"ROBERTO ZUCCO" Comme une tarentelle italienne violente et passionnée...

Fort de son succès en Avignon l’été passé, le Collectif 13 présente cette fois-ci son travail sur les planches parisiennes du théâtre de l’Épée de Bois à la Cartoucherie de Vincennes, jusqu’au 7 avril.
Une mise en scène particulièrement ouverte de la pièce Roberto Zucco avec de nombreuses scènes dans les gradins, qui rompt fréquemment le quatrième mur. Un procédé réglé comme du papier à musique, servi par des comédiens dynamiques et généreux, qui place littéralement le spectateur au coeur de l’action. Nulle possibilité d’échapper à cet univers koltésien, sombre, étouffant, violent. Le comédien Axel Granberger apparaît rampant, monstrueux et nous prend à témoin de sa folie meurtrière sans que l’on n’en connaisse jamais réellement les origines.

Roberto Zucco, inspiré de l’histoire vraie du tueur en série Roberto Succo, s’échappe de prison, assassine sa mère et nous entraîne dans une spirale infernale de rencontres avec des personnages, qui, s’ils ne sont pas tués, sont confrontés à leur solitude et à leurs propres vérités souvent destructrices. À noter que la mise en scène de Rose Noël met parfaitement en exergue les influences shakespeariennes de l’auteur : une « Juliette » incarnée par le personnage de la Gamine qui sous le regard impuissant d’une soeur nourricière, sera menée à sa perte par amour pour un « Roméo » en rupture avec les siens. Ici point de grand final amoureux tragique mais une résignation fatale face à la violence de la société et à ses règles cruelles.

Si les comédiens portent le jeu avec énergie et conviction, il est regrettable que cela soit au détriment du texte, quasi-inaudible par moments. Toutefois, ces rares déconvenues sont vite oubliées grâce à de multiples procédés scéniques tels qu’une scène en ombre chinoise, un choeur en marche rythmée, des passages déclamés en italien… qui ne cessent de surprendre le spectateur. Enfin, un remarquable revirement final qui permet de faire tomber le masque du Mal, lavé en prison, pour en laisser échapper un être dénudé, aspirant à la liberté. L’élévation d’un monstre poétique qui conclut cette pièce avec brio.

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