« Un roi sans réponse » Mise en scène Jean-Baptiste Puech, International Visual Theatre

Article de Julien Dumas

Lumière (et son) sur ce que veulent vraiment les femmes

Cette histoire prend place dans le royaume imaginaire le plus beau et le plus paisible du monde. Cette histoire commence avec un roi, qui pourrait être le plus heureux du monde, s’il connaissait les femmes. Un jour, ce roi se laisse surprendre par une tempête et s’égare hors de son domaine. Il se retrouve alors dans le royaume voisin, bien plus sombre que le sien, sur les terres d’un roi terrifiant. Ce souverain aux ambitions cruelles capture notre héros et lui promet une mort certaine s’il n’apporte pas, un an plus tard jour pour jour, la réponse à la question que pose une fable oubliée depuis longtemps : « Qu’est ce que les femmes désirent-elles le plus au monde ? ». C’est ainsi que débute ce conte, notre bon roi doit répondre à une question en apparence très simple, qui emportera pourtant le spectateur dans une quête bien compliquée.

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© Paul Allain

L’essence de l’histoire, c’est la réponse à cette question, une réponse élémentaire mais porteuse d’un message universel. Ce que le spectacle raconte comme s’il s’agissait d’une légende, c’est une histoire vraie, l’histoire des hommes et des femmes, de ce que les premiers pensent savoir des secondes, l’histoire de celles qui sont libres et de celles qui voudraient l’être. Si on soulève le voile, une morale apparaît alors en filigrane : là où l’on a oublié ce dont les femmes pouvaient rêver, on a oublié la paix et adopté l’horreur. C’est là que la légende arthurienne révèle des idées résolument actuelles.

 

Pour servir l’opposition entre un message idéologique inscrit dans le présent et une légende séculaire, la mise en scène est construite sur la matérialisation d’un imaginaire insituable dans l’espace et dans le temps, comme savaient le faire les contes d’antan. L’univers créé prend les traits d’un livre, un incunable dans lequel on plongerait pour découvrir aussi bien sa légende que ses enluminures. Les manipulateurs, comme des comédiens d’un nouveau genre, filment en direct sur une table disposée à la vue des spectateurs les objets qu’ils animent et projettent ces images sur un écran. Une ombre chinoise, celle du roi héros, se découpe et danse ensuite entre ces belles lumières faites sur mesure et sous nos yeux. En résulte un panaché d’images hybrides et composites qui façonne un univers fantastique parlant aux sens plus qu’à la mémoire. La poésie visuelle du spectacle n’est cependant pas la seule à investir l’espace, elle s’accompagne d’un univers sonore créé lui aussi de toutes pièces. Un musicien, chanteur, bruiteur s’applique ainsi à accompagner en direct la narration des conteurs.

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© Paul Allain

Oui, les conteurs, l’ultime tour du spectacle qu’on doit à la touche apportée pour l’International Visual Theatre : la re-création de la pièce dans une version bilingue français – LSF (langue des signes française). Là, sous nos yeux et nos oreilles, le duo de conteurs opère, l’un de sa voix l’autre de ses mains. La dualité est maîtrisée et comme dans une chorégraphie on ne sait plus qui est calé sur l’autre, la parole ou le geste. L’écho du jeu des comédiens dans la voix et dans les signes est une véritable invitation à la diversité, une ouverture qui illustre le propos du spectacle à merveille : finalement, qui que vous soyez, que désirez-vous le plus au monde ?

 

 

 

 

 

Un roi sans réponse

D’après un conte de La légende du roi Arthur

Création collective de la compagnie XouY Écriture et mise en scène Jean-Baptiste Puech

Interprété par Olivier Calcada, Erwan Courtioux, Robert Hatisi, Luc Pagès, Jean-Baptiste Puech, Patrice Rabille

Conseillère artistique LSF Emmanuelle Laborit Lumière Luc Pagès

Musique Patrice Rabille

Coproduction IVT – International Visual Theatre

 

Avec le soutien du Théâtre Paris-Villette, du CENTQUATRE-PARIS, du festival FRAGMENT(S)#3, de la SPEDIDAM, de la plateforme de mécénat participatif « proarti » et de la Mairie de Paris

 

 

Du 2 au 15 décembre 2016

 

Mercredi à 14h30 – jeudi et vendredi à 19h – samedi à 20h – dimanche à 16h

 

IVT – International Visual

7 Cité Chaptal

75009 Paris

www.ivt.fr