« Une mariée à Dijon » d’après deux récits de Mary Frances Kennedy Fisher, adaptation et mise en scène de Stéphane Olry – La Revue Éclair, au Théâtre de l’Aquarium

Article de Paula Gomes

Un souper enchanteur

Stéphane Olry propose une soirée exceptionnelle autour d’un texte de Mary Frances Kennedy Fisher sur le thème de la cuisine. Huit tables sont dressées avec des nappes vichy rouge et blanc, disposées comme des pétales de fleurs avec en son centre une petite estrade ronde. Lumière tamisée, au son d’un violoncelle, le cortège des invités d’un soir s’installe dans cette salle de restaurant populaire à la vaisselle bourgeoise et dépareillée. Les serveurs affables présentent le menu végétarien élaboré avec les ingrédients du potager fruitier expérimental du Château de la Roche-Guyon : salade cristal, soupe d’office et compote de raison accompagnés de jus de pomme-poire. À l’évocation des mets, les convives amis ou inconnus échangent des regards complices, émerveillés par le spectacle qui prend forme.

La Mariée à Dijon © Eric Charlot

© Éric Charlot

Dans ce cadre intimiste et chaleureux, une femme gracile s’avance en robe noire à dentelles. Elle incarne la « mariée de Dijon », la jeune américaine Mary qui arrive en France en 1930 et s’installe dans cette ville de province avec son mari Al. Elle décrit leur premier dîner au restaurant français « Les 3 Faisans », où ils prendront bientôt leurs habitudes. Avec l’aide du vieux serveur Charles, Mary découvre la gastronomie bourguignonne : viandes faisandées, civets, vins, etc.… Bien loin de son mode de vie californien, dans la capitale de la gastronomie française, elle apprend l’art de recevoir, de préparer les plats. Mary reviendra 6 ans plus tard au restaurant avec son nouveau compagnon pour lui faire goûter les délices d’antan. Les souvenirs restent mais le temps passe… Le metteur en scène Stéphane Olry a choisi une scénographie parfaite associant le public à l’excursion gourmande dans un grand restaurant. Un souper spectacle pour une aventure partagée en temps réel où les textes sont servis magistralement entre les plats, gardant tous les sens en éveil. La qualité de l’accueil, la musique, la mise en lumière, le choix des artistes et tous les petits détails rendent cette expérience succulente et inoubliable.

Corine Milet enchante dans ce voyage gustatif et lyrique. D’une incroyable justesse, cette hôtesse délicate captive les regards et délivre savoureusement les souvenirs de Mary. En virtuose, Didier Petit donne vie à son violoncelle et l’intègre de façon prodigieuse dans le récit avec humour et aussi gravité. Ses intermèdes musicaux sont surprenants, riches et d’une grande sensibilité. Une belle présence scénique des interprètes.
À travers ses mémoires culinaires, Mary Frances Kennedy Fisher parle, de vie, d’amour, de rencontres et de plaisirs partagés. Les descriptions exquises et réalistes de cette épicurienne à l’écriture poétique et sensuelle attirent irrésistiblement le lecteur sans le laisser sur sa faim.

 

Une mariée à Dijon
d’après deux récits de Mary Frances Kennedy Fisher
Souper-Spectacle de la Revue Éclair (Corinne Miret, Stéphane Olry), artistes associés
Traduction de l’américain Béatrice Vierne (Edition du Rocher)
Adaptation et mise en scène Stéphane Olry
Récit Corinne Miret
Violoncelle Didier Petit
Scénographie d’après une idée de Meggie Schneider
Lumière Sylvie Garot

Paroles de femmes # 1 2ème partie de soirée

Du 2 au 21 Février 2016

Théâtre de l’Aquarium
La Cartoucherie
Route du Champ-de-Manoeuvre
75012 Paris
http://www.theatredelaquarium.com/