« La Mort de Danton », mise en scène de François Orsoni au théâtre de la Bastille

Un article de Justine Uro

 

Derniers jours d’un révolutionnaire 

 

En pleine période de Terreur, deux conceptions divergent sur la suite à donner au mouvement qui a engendré la Révolution. Elles opposent Danton et ses amis qui souhaitent arrêter les massacres de la guillotine, à la folie de la multitude des exécutions ordonnées par Robespierre. Autrefois unis par des idéaux communs ayant conduit à la Révolution, ils vont s’affronter au point que Robespierre envoie Danton et ses amis à l’échaffaud. Comme le titre l’indique, La Mort de Danton retrace les derniers jours de la vie du révolutionnaire, sa rencontre vaine avec Robespierre dans le but de s’entendre sur la direction à donner à leur mouvement politique, la prison, l’enfermement à la Conciergerie, et s’achève sur sa mort sous la guillotine.

© Victor Tonelli

Dans un dispositif bi-frontal, toute la pièce se déroule autour d’une longue table massive en bois. L’ampleur de cette table contraint le mouvement des corps. Tout se passe autour de la table, c’est là que les discussions ont lieu et que les décisions sont prises. Sur elle sont disposés des chandeliers qui créent une atmosphère tamisée, appropriée à l’obscurité de cette période trouble. Aux nombreuses variations, le jeu des lumières inclut parfois le public dans ces échanges qui ressemblent à des assemblées. Des perruques, sur des porte-perruques à visage humain, ont aussi pour effet d’accentuer la touche inquiétante de l’aire de jeu. Les comédiens interprétant pour la plupart deux personnages et les sorties de scène étant inexistantes, ces perruques sont portées pour signifier un changement de rôle. Malgré cet accessoire visuel, le passage d’un rôle à l’autre n’est pas toujours évident à percevoir, et le rythme étant parfois lent, le suivi du texte pas toujours aisé.

Néanmoins, les musiques et l’utilisation du micro s’intègrent formidablement à l’ensemble et permettent des coupures qui donnent du rythme. Corrélé à la scénographie et aux lumières, le son participe à la plus belle réussite de cette pièce, la conception d’une atmopshère absorbante dans laquelle l’engagement des protagonistes transparaît nettement. C’est aussi le charisme des comédiens, en particulier celui de Mathieu Genet (Danton) et de Jenna Thiam (Julie, Lucile, Marion), qui contribue à axer la pièce sur l’engagement des personnages politiques de cette époque. La transmission de cette notion d’engagement fait résonner superbement certaines parties du texte. Si bien que l’on se laisse emporter par la représentation malgré une mise en scène peu dynamique.

© Victor Tonelli


 

La Mort de Danton 

Texte Georg Büchner 

Traduction Arthur Adamov 

Mise en scène François Orsoni 

Avec Brice Borg, Jean Louis Coulloc’h, Mathieu Genet, Alban Guyon et Jenna Thiam 

Dramaturgie Olivia Barron 

Musique Thomas Landbo 

Scénographie-vidéo Pierre Nouvel 

Costume Natalia Brilli 

Perruque Cécile Larue 

 

Du 16 février au 4 mars 2017 

 

Théâtre de la Bastille 
76 rue la Roquette 
75011 Paris

 

http://www.theatre-bastille.com/