Un article de Justine Uro
Derniers jours d’un révolutionnaire
En pleine période de Terreur, deux conceptions divergent sur la suite à donner au mouvement qui a engendré la Révolution. Elles opposent Danton et ses amis qui souhaitent arrêter les massacres de la guillotine, à la folie de la multitude des exécutions ordonnées par Robespierre. Autrefois unis par des idéaux communs ayant conduit à la Révolution, ils vont s’affronter au point que Robespierre envoie Danton et ses amis à l’échaffaud. Comme le titre l’indique, La Mort de Danton retrace les derniers jours de la vie du révolutionnaire, sa rencontre vaine avec Robespierre dans le but de s’entendre sur la direction à donner à leur mouvement politique, la prison, l’enfermement à la Conciergerie, et s’achève sur sa mort sous la guillotine.
© Victor Tonelli
Dans un dispositif bi-frontal, toute la pièce se déroule autour d’une longue table massive en bois. L’ampleur de cette table contraint le mouvement des corps. Tout se passe autour de la table, c’est là que les discussions ont lieu et que les décisions sont prises. Sur elle sont disposés des chandeliers qui créent une atmosphère tamisée, appropriée à l’obscurité de cette période trouble. Aux nombreuses variations, le jeu des lumières inclut parfois le public dans ces échanges qui ressemblent à des assemblées. Des perruques, sur des porte-perruques à visage humain, ont aussi pour effet d’accentuer la touche inquiétante de l’aire de jeu. Les comédiens interprétant pour la plupart deux personnages et les sorties de scène étant inexistantes, ces perruques sont portées pour signifier un changement de rôle. Malgré cet accessoire visuel, le passage d’un rôle à l’autre n’est pas toujours évident à percevoir, et le rythme étant parfois lent, le suivi du texte pas toujours aisé.
Néanmoins, les musiques et l’utilisation du micro s’intègrent formidablement à l’ensemble et permettent des coupures qui donnent du rythme. Corrélé à la scénographie et aux lumières, le son participe à la plus belle réussite de cette pièce, la conception d’une atmopshère absorbante dans laquelle l’engagement des protagonistes transparaît nettement. C’est aussi le charisme des comédiens, en particulier celui de Mathieu Genet (Danton) et de Jenna Thiam (Julie, Lucile, Marion), qui contribue à axer la pièce sur l’engagement des personnages politiques de cette époque. La transmission de cette notion d’engagement fait résonner superbement certaines parties du texte. Si bien que l’on se laisse emporter par la représentation malgré une mise en scène peu dynamique.
© Victor Tonelli
La Mort de Danton
Texte Georg Büchner
Traduction Arthur Adamov
Mise en scène François Orsoni
Avec Brice Borg, Jean Louis Coulloc’h, Mathieu Genet, Alban Guyon et Jenna Thiam
Dramaturgie Olivia Barron
Musique Thomas Landbo
Scénographie-vidéo Pierre Nouvel
Costume Natalia Brilli
Perruque Cécile Larue
Du 16 février au 4 mars 2017
Théâtre de la Bastille
76 rue la Roquette
75011 Paris
http://www.theatre-bastille.com/