[Avignon IN] « DÄMON » de Angelica Liddell la Cour d’Honneur du Palais des Papes

Dämon, El funeral de Bergman de Angelica Lidell © Christophe Raynaud de Lage / Festival d’Avignon

Cour d’Honneur bien remplie ce soir. Mistral nocturne, mais le public est curieux de savoir ce qu’il en est, après les premiers échos qui ont ému le Landerneau avignonnais.

L’espace scénique est couvert d’un tapis rouge. Au fond, des instruments de toilette : lavabo, WC, bidet… qu’est-ce qu’on va bien pouvoir mettre là-dedans et tirer la chasse ? Entrée d’un pape, possiblement Jean-Paul II. Il traverse longuement l’espace scénique puis disparaît. Remplacé par quatre hommes en noir qui se prosternent, on ne sait pas devant quoi, puis apparaît un nain masqué immobile pendant qu’une musique vous vrille les oreilles. Ce peu de choses a déjà occupé vingt minutes.

Arrive Angelica. Nue sous une sorte de manteau arachnéen qui ne ferme pas et qui vole au mistral. Chaussures noires, genre flamenco et socquettes blanches. Elle va vers le mur du fond, se saisit d’un bidet et d’un broc d’eau et entreprend de se laver les parties intimes… elle prend le temps de ranger, se saisit d’un micro dans lequel elle prend à partie nommément les journalistes qui ont OSÉ contester un des ses spectacles. Effet garanti : le public jubile. Il a tort car ensuite, c’est lui qui est pris à partie. Et comme il a ri aux dépens des critiques, il ne se sent plus habilité à discuter la précieuse LIBERTÉ de mademoiselle Liddell, laquelle hurle dans son micro pour couvrir une musique tonitruante. À partir de là, le spectateur est pris au piège. Au bout d’une bonne demi-heure, les éructations cessent enfin, et commence une partie muette chorégraphiée, mettant en scène des professionnels et des amateurs. Ceux-ci sont en chemise de nuit ou en pyjama, assis dans des fauteuils roulants. L’une âgée, est nue sur une table à roulettes. Enfin, le spectateur peut tenter d’avoir un espace dans ce processus. On essaie de comprendre et ce n’est pas évident, surtout que tous ces gens montrent leurs fesses, se masturbent (y compris le pauvre Jean Paul II).
Il y a beau temps que la nudité sur scène ne choque plus personne (Rappelez-vous le festival 2005 et Jan Fabre !) alors, à quoi rime tout cela ?
Pour terminer (en tirant en longueur) on se retrouve à l’enterrement de Bergman avec prières et cantiques… mademoiselle Liddell se comparerait-elle au géant du cinéma qu’était Bergman ?

En résumé, tout ce fatras pour nous dire que nous allons tous mourir, même l’enfant, et que cette perspective est effrayante… à chacun ses frayeurs, à tous le droit d’en faire état, mais pourquoi le faire en insultant le brave public qui est là pour soutenir les artistes ? On sort de là assommé, avec la vague impression de s’être fait manipuler.

Dämon, El funeral de Bergman de Angelica Lidell © Christophe Raynaud de Lage / Festival d’Avignon

Informations pratiques

DÄMON El funeral de Bergman – Création Festival d’Avignon 2024
Festival IN d’Avignon du 29 juin au 21 juillet 2024

Auteur
Angelica Liddell

Mise en scène, scénographie et costumes
Gwenaël Morin
Assistanat à la mise en scène Borja López

Avec
David Abad, Ahimsa, Beatriz Álvarez, Yuri Ananiev, Nicolas Chevallier, Guillaume Costanza, Elin Klinga,
Angélica Liddell, Borja López, Sindo Puche, Daniel Richard et la participation de figurants

Lumière Mark Van Denesse
Son Antonio Navarro
Production Atra Bilis – Iaquinandi SL

Durée
2h

Dates
Les 29 juin, 1, 2, 3, 4 et 5 juillet 2024 à 22h à la Cour d’Honneur du Palais des Papes, Avignon
Du 13 au 21 septembre 2024 au Teatros del Canal (Madrid, Espagne)
Du 26 septembre au 6 octobre 2024 à l’Odéon-Théâtre de l’Europe, Paris
Saison 2025/2026 au Théâtre de Liège (Belgique)

Adresse
Cour d’honneur du Palais des Papes
Place du Palais
84000 Avignon

Informations complémentaires
Festival d’Avignon
www.festival-avignon.com

Festival OFF d’Avignon
www.festivaloffavignon.com