[Avignon OFF Avant-première] « ARLETTY, UN CŒUR TRÈS OCCUPÉ », L’important, c’est d’aimer, n’est-ce pas ? !

Arletty, un cœur très occupé mise en scène François Nambot © Benoît Delpech

Arletty, artiste adulée des Français rencontre en 1941, un officier allemand Hans Jürgen Shöhring. S’en est suivi un amour profond et durable qui valut à l’actrice quelques ennuis à la libération. Nous restent des lettres, surtout de lui, sur lesquelles l’auteur s’appuie pour construire sa pièce.

Il imagine un jeune journaliste fringant et culotté, qui force un peu la porte de la vieille dame (nous sommes en 1970) et l’oblige à répondre à ses questions quant à cette aventure.
Projet un peu voyeur, mais les lettres sont, somme toutes décevantes : peu explicites quant aux rapports concrets entre les deux amants, peu soucieuses non plus de la guerre qui fait rage autour d’eux. Une correspondance assez plate du genre : je suis pressé de te retrouver, tu me manques… tous les amoureux séparés écrivent de telles choses et la célèbre actrice n’a pas non plus de grands dons littéraires, ce qui ne l’empêche pas d’égratigner au passage la correspondance entre Camus et Casarès, jugée trop intello, commettant ainsi un superbe anachronisme puisque la parution est de 2017.

Cette pièce est donc une conversation entre une vieille dame, jouée par Béatrice Constantini, et un jeune homme interprété par François Nambot. L’espace scénique est occupé par deux fauteuils blancs, une table basse et une sorte de crédence succincte, sur laquelle trônent un bouquet de roses blanches, une photo encadrée d’Arletty et une plus grande du fameux officier allemand. Blanches les fleurs, blanche la tenue d’Arletty, ce qui a un effet visuel intéressant : costume pantalon, turban, lunettes, chaussures. Le blanc, c’est la pureté, traditionnellement. Oxymorique, donc.

L’auteur Jean-Luc Voulfow, n’est pas un inconnu dans les milieux du cinéma et de la scène. Il écrit là un aimable bavardage sur un sujet un peu casse-gueule, même si les spectateurs d’aujourd’hui ne sont plus tellement enclins à condamner la collaboration horizontale, et peut-être même pas le nazisme. Il est dommage qu’il n’ait pas eu davantage recours aux bons mots ironiques et gouailleurs de la vraie Arletty. Cela aurait mis un peu de piquant dans la sauce. La bonne idée, c’est de faire du journaliste un piètre lecteur qui anone en lisant les lettres de « Faune » et de « Biche ». Cela permet à Arletty de donner au blanc-bec, des leçons de diction. Autre bonne idée, faire dire par cœur à Arletty les lettres qu’elle ne peut pas lire, du fait de sa quasi-cécité à la fin de sa vie.

Déjà présentée dans le Off d’Avignon en 2023, la pièce Arletty, un cœur très occupé se jouera cette année, au Théâtre 3S.

Arletty, un coeur très occupé Affiche

Arletty, un cœur très occupé mise en scène François Nambot Affiche © DR

Informations pratiques

ARLETTY, UN CŒUR TRÈS OCCUPÉ
Festival OFF d’Avignon du 3 au 21 juillet 2024

Auteur
Jean-Luc Voulfow

Mise en scène
François Nambot

Interprétation
Béatrice Constantini et François Nambot

Lumières Jacques Rouveyrollis

Durée
1h10

Dates
Du 3 au 21 juillet 2024 à 18h au Théâtre 3S, dans le cadre du Festival OFF Avignon
Relâche le lundi

Adresse
Théâtre 3S
4, rue Buffon
84000 Avignon

Informations complémentaires
Théâtre 3S
www.theatre3s.com

Festival OFF d’Avignon
www.avignonleoff.com