[Avignon OFF] "MUSIC-HALL" "Quand vous serez bien vieille, le soir, à la chandelle..."

Céline Pique, Christophe Champain, Éric Sanjou dans Music-Hall © Romane Rivière

« Lente et désinvolte »… Tel est l’adage de La Fille, parfaitement interprétée par une Céline Pique remarquable de justesse dans la pièce Music-hall, du désormais célèbre Jean-Luc Lagarce. C’est avec brio qu’Éric Sanjou respecte le texte original de l’auteur et réussit à transmettre tout l’humour, l’absurdité et la poésie de cette pièce-miroir de la réalité pour bon nombre d’artistes. Ici, c’est l’histoire d’une diva déchue du Music-hall, qui entourée de ses deux fidèles boys, s’entête à présenter le même spectacle depuis le commencement de sa carrière, soir après soir. Élimé par le temps qui passe, le succès du numéro des trois compères, dont on ne peut que constater le « manque d’histoire », est moindre. Les propositions se raréfient, les cachets diminuent, les difficultés s’accumulent, le présent devient compliqué et la nostalgie s’installe dans les voix. Toutefois, les exigences de la Fille ne tarissent pas, même si cette dernière est tout à fait consciente du fait qu’elle n’est plus à la hauteur de ses prétentions. D’anecdotes pathétiques et humiliantes en regrets, mêlés à un soupçon d’ironie ou de tristesse, the show must go on.

Pour illustrer les propos de la protagoniste et des deux boys, le plateau minimaliste est constitué de deux loges à vue et d’un portant en fond de scène. Élément central de la pièce, un tabouret où trônera fièrement La Fille, est situé au centre de l’espace. Au fil du récit, illustré de chants et de danses, les comédiens changent de costumes avec tant de naturel, qu’ils entraînent immanquablement le spectateur dans leur intimité et dans leur univers de strass et de paillettes usés.
Music-hall est le reflet des difficultés auxquelles sont confrontés les artistes du monde du spectacle vivant. Un trio talentueux à découvrir absolument !