« Coup d’oeil sur le Festival d’Avignon OFF #4 » 

Eloge de l’amour, d’après Alain Badiou et Nicolas Truong, mise en scène Caroline Ruiz à la Présence Pasteur. A mi-chemin entre une conférence et un spectacle, dans un rapport direct au public théâtralisé par des ajouts audio-vidéo, Caroline Ruiz porte à la scène le texte philosophique d’Alain Badiou sur la nature de l’amour et sa place dans notre monde. Véritablement habitée par ce qu’elle défend, la comédienne-conférencière nous entraîne avec elle dans les méandres de ce sentiment universel et mystérieux. Qu’il s’agisse de faire participer le public, ou de mêler des projections abstraites à la représentation pour créer une esthétique marquante, l’inventivité est à l’oeuvre pour prouver que oui, on peut parler de philosophie au théâtre, et en parler bien. Pas de grand coup d’éclat, donc, dans cette création, mais de l’intelligence et une simplicité au service de la pensée.

 

A la vie, à la mort, de Michel Dupré, mise en scène Louise Cassin au Laurette Théâtre. Une fantaisie originale sur l’amour et l’absurdité de l’existence, qui met en jeu un triangle amoureux et des personnages étranges. Entre grain de folie et vie bien réglé, rêves et remords, dans une atmosphère à la fois féérique et inquiétante, la plume sensible de Michel Dupré nous entraîne dans une réflexion existentielle pleine de poésie et de délicatesse. Servie par une troupe de comédiens au jeu précis, séduisant par sa pointe d’exubérance, la représentation est un voyage dans lequel on se laisse prendre malgré une fin un peu abrupte. A la vie, à la mort rappelle un peu ces contes qui mettent des étoiles dans les yeux des enfants ; mais ce conte-ci, surréaliste et philosophique, a grandi pour parler aux adultes. Laissez-vous songer…

Welcome, d’après Agatha Chrisine, mise en scène Sabine Laurent au Théâtre Buffon. Une tempête de neige a isolé la pension de famille nouvellement ouverte par le couple Davis, piégeant leurs hôtes plus atypiques les uns que les autres. Dans l’effervescence débarque alors un étrange sergent de police enquêtant sur un meurtre commis à Londres… C’est dans une ambiance purement British, avec une galerie de personnage hauts en couleurs que Sabine Laurent rend hommage à la pièce d’Agatha Christie, The Mousetrap. Une adaptation pleine d’énergie où exsude le style entraînant de l’autrice : à la fois tendu, inquiétant, surprenant mais aussi émouvant et parfois drôle, on passe du tout au tout en un éclair. Sur fond de comptine macabre et entêtante, les comédiens donnent vie à des personnages savoureux au caractère détonnant, et insufflent un rythme impeccable à la représentation. Le pari est réussi : c’est un très bel Agatha Christie, pouvant parler à toutes les générations avec intelligence et créativité. On en redemande !