Parmi la quinzaine de spectacles chinois présentés dans le festival OFF, certains n’avaient pas vocation à être des démonstrations culturelles ou des mises en valeurs patrimoniales, et n’étaient donc que peu marqués par les traditions. Coup d’oeil sur deux de ces représentations exclusivement contemporaines, dont l’esthétique pourrait être qualifiée « d’occidentalisée », ou, tout du moins, de « globalisée ».
Mon chat noir, de Chiang Liu au Collège de la Salle. « On raconte que les chats entendent les battements du coeur, et, de loin, le cri qui dit : je t’aime »… Mêlant photo, vidéo, musique, danse et théâtre, le spectacle évoque, à travers un récit fantastique à tiroirs, la variété des relations humaines, veillées par ces félins auxquels on s’attache, et dont on dit qu’ils nous comprennent mystérieusement. Ici, les chats sont des symboles, des créatures presque mystiques vivant dans le quotidien des hommes. La traduction anglaise très approximative complique grandement la compréhension de ces histoires métaphoriques, mais on se laisse happer par cet ensemble chorégraphique à l’esthétique lente et quasi-millimétrée, comme si l’on était dans une étrange bulle hors du temps, un univers parallèle aux multiples dimensions, dans un décor presque sans couleur. La représentation nous laisse sonnés, comme décalés par rapport au reste du monde, mais néanmoins un peu perplexes.
Days being a fish / La vie en poisson, de May Yu-suk mei, Lam Tsz Kit Ronald et Po Wong au Laurette Théâtre. Vous êtes enfermé dans un avion prêt à se crasher. Le temps d’écrire vos dernières volontés, vous vous retrouvez dans un étrange endroit, comme un appartement-aquarium, en compagnie d’une intriguant poisson humain. Dans sa solitude, il s’interroge sur sa place dans le monde, dans la société, dans le coeur des gens. Cette histoire, c’est un peu celle que chacun vit à un moment donné ; celle d’une personne confrontée aux cris, au vacarme, à la pression sociale, aux doutes, à la tristesse. Dans une atmosphère aquatique à la fois frave et apaisante, en perpétuelle suspension, la rêverie côtoie le désespoir pour retrouver la nécessité de la lutte. Un cheminement poétique tant dans le fond que dans la forme, au texte riche en fulgurances porté par deux artistes qui vous transportent dans un monde en apesanteur. Plongez pour une heure d’apnée réflexive et émouvante, afin de mieux vous rendre au monde…