"L’ÎLE AU TRÉSOR", version théâtre d’objets ravit les enfants … et leurs parents

L’île au trésor de la Compagnie 9 Thermidor © Philippe Rappeneau

Au Totem, théâtre pour l’enfance et la jeunesse à Avignon, la compagnie 9 Thermidor nous conte cette histoire bien connue, en l’adaptant avec beaucoup d’humour.

Un dispositif scénique très ingénieux figure l’auberge où vit le jeune Jim. Mais il se transforme en océan, en pont de navire, en fortin et bien sûr en île. Stéphane Boireau, comédien, conteur, manipulateur fait preuve d’une belle énergie, manipulant à vue le dispositif scénographique, il est Jim, celui qui raconte l’histoire, mais il est aussi le capitaine, le pirate à jambe de bois, l’équipage, le docteur, le comte, le « marron » tout cela grâce à une magnifique collection de bottes, souliers, pilon et pieds poilus… avec, en prime, les pistolets, eux-mêmes fabriqués à partir de chaussures. Et les coups de feu éclatent, et les vagues se déchaînent, et le sang coule en abondance au milieu d’un public hilare, car tout ça se passe dans la bonne humeur. Seule une petite fille émotive se met à crier à chaque coup de feu, ce qui met le comédien un peu mal à l’aise ; mais il ne se laisse pas déstabiliser. Il se débrouille pour prévenir le public par des regards entendus avant de démarrer le tintamarre fautif.

Son comparse, le violoncelliste Pierre Burette, se charge du bruitage et de la musique aussi, bien sûr. Il est présent en continu et ce n’est pas une mince affaire pour lui de faire aussi bien le bruit des vagues que le grincement des portes, l’ambiance inquiétante que la musique de danse ou les chants de marins.

On suit sans aucun mal le récit. Chaque paire de chaussures est parfaitement identifiée et c’est drôle parce que le comte et le docteur sont des aristocrates un peu snobs, que les pirates sont obsédés par le « zigouillage » de tout ce qui bouge, parce que le marin marron se languit de fromage et que John Silver, figuré par une botte et un pilon, boîte en faisant résonner le pont du navire, comme il se doit. Un brave pirate, finalement, qui prend soin de Jim contre l’avis de ses comparses.

Quelques phrases bien senties sur les voleurs qui ne sont pas forcément ceux que l’on croit, se mettent le public adulte dans la poche, ce qui est assez jubilatoire…

Un spectacle de qualité, rondement mené par des artistes virtuoses.