"ODYSSEUS, Ou l’histoire d’Ulysse racontée aux petits et grands", Deux aèdes au nez rouge

Odysseus, mise en scène collective Solène Cornu, Chloé Geoffroy et Tiphaine Sivade © Matthieu Jeantet

Une création collective de Solène Cornu, Chloé Geoffroy et Tiphaine Sivade
Inspirée de « L’Odyssée » d’Homère

« Plonger au fond du gouffre pour trouver du nouveau » disait Baudelaire… Là, il suffit de descendre les escaliers du théâtre Essaïon et de se laisser glisser dans le mystère de ses caves médiévales et vous voilà parés à embarquer pour le pays des rêves !… Posé sur les dalles de la petite salle, un radeau composé de quatre palettes vous attend. Sur le radeau, une voile et un petit coffre. Embarquement immédiat ! Les enfants qui se pressent dans la salle sont prêts pour l’aventure. D’ailleurs si vous leur posez la question, ils vous affirmeront qu’ils ont vu le radeau bouger sous l’effet de la houle… La preuve en est que deux petits clowns au nez rouge, allongés sur le radeau, dorment comme des bienheureux. Et s’ils dorment si bien, c’est qu’ils sont bercés par la houle !…

Mais voilà que le réveil sonne et que le monde des clowns se met en marche. De la malle, qui fonctionne comme un coffre à jouets, sortent divers objets hétéroclites et un livre : « L’odyssée » dans une édition pour enfants… Il n’en faut pas plus pour immédiatement « trouver du nouveau » comme dirait le poète… Le gouffre imaginaire sous le radeau étant celui de la Méditerranée grouillante de Dieux et de créatures fantastiques… D’ailleurs Marco et Polo, nos deux petits clowns, sont non seulement équipés de nez rouge, mais aussi de bonnets de laine, maillots marins, cirés jaunes et bottes en caoutchouc pour affronter et réinventer, aujourd’hui, les aventures d’Ulysse qu’un certain aède, nommé Homère, à commencé à nous raconter il y a déjà quelques millénaires…
Il suffit donc de jouer à « Pierre feuilles, ciseaux ! » pour désigner alternativement celui qui fera Ulysse, l’autre assurant tous les autres rôles, et nous voilà partis, d’îles en îles et d’épreuves en épreuves pour le merveilleux voyage !…

Et à ce jeu, les deux jeunes comédiennes qui incarnent nos deux amis clowns sont remarquables et d’une rare efficacité ! Le regard clair comme une invitation au voyage, le geste net et sûr, toutes deux sont rompues à la technique du clown, et elles en jouent, comme si de rien n’était, avec fraîcheur et naturel, en évitant totalement le piège de la démonstration. D’ailleurs, les enfants ne s’y trompent pas. Ils sont au diapason dès la première minute. Ne se privant pas de réagir spontanément, ni d’intervenir, impatients d’apporter leur grain de sel et toujours bien reçus, ils ont adhéré d’emblée à la règle du jeu. Un bâton, un ballon gonflable, une trompette d’enfant ou un morceau de filet de pêche suffisent à incarner les mésaventures d’Ulysse sur l’île de Circée ou de Calypso, ou encore l’épisode des sirènes et le retour à Ithaque… Parfois, les enfants qui, pour certains, semblent connaître leur Odyssée sur le bout des doigts et mieux que beaucoup d’adultes, semblent prêts à anticiper l’épisode à venir, en osmose totale avec les clowns. Le monde des contes n’a pas de secret pour eux, à commencer par le premier et le plus ancien de l’humanité… Et, comme un éternel retour, à la fin du spectacle, ils laisseront les petits clowns s’assoupir à nouveau sur leur radeau de théâtre, pour mieux venir les réveiller une autre fois, peut-être, et reprendre avec eux quelques étapes de notre éternelle Odyssée…