Article de Richard Magaldi-Trichet
Vous reprendrez bien une madeleine...
Victor Hugo a 41 ans quand il entreprend son traditionnel voyage d’été, qui le mènera en 1843 de Biarritz à Oléron en passant par l’Espagne et les Pyrénées… Voilà pour la fable, pour les mots il suffit de se laisser porter par le style du poète voyageur. Tout est précis, simple et à la fois délicieusement imagé. On se délecte de ses observations, et nous voici donc également à bord de la malle-poste en sa singulière compagnie. Car grâce à la présence remarquable de Julien Rochefort, nous nous retrouvons effectivement face à Victor Hugo.
© Fabienne Rappeneau
Le comédien, avec son phrasé perlé parfaitement détaché et naturel, nous entraîne dans une faille spatio-temporelle et nous transporte en plein milieu du XIXe siècle. Le texte d’Hugo est pertinent et drôle à souhait, les remarques sur l’avenir du village de Biarritz et l’arrivée sur l’île d’Oléron sont particulièrement croustillantes… Les passés simples s’enchaînent à profusion, les voyelles ouvertes légèrement nasalisées également. On aurait envie de s’installer avec Julien Rochefort/Victor Hugo pour prendre une tasse de thé et déguster une petite madeleine tout en l’écoutant raconter ses souvenirs. Rien dans la mise en scène extrêmement épurée de Sylvie Blotnikas ne nous distrait du récit ; tout, comme l’éclairage, est en demi-teintes et nous renvoie à l’esprit authentique du théâtre des premiers rhapsodes. Un petit bijou de littérature qui nous laisse à l’oreille une agréable musique.
Pyrénées ou le voyage de l’été 1843
de Victor Hugo
adaptation et mise en scène Sylvie Blotnikas
Avec Julien Rochefort
jusqu’au 8 janvier 2017
Théâtre du Lucernaire
53 Rue Notre Dame des Champs
75006 Paris