« RHINOCEROS »  Marionnettistes et Rhinocérite

A l’occasion de la BIAM (Biennale Internationale des Arts de la Marionnette) édition 2017, la compagnie des Hélices vient nous présenter sa vision d’une des pièces maitresse d’Eugène Ionesco. Amateurs de syllogismes pérorés par des acteurs en tissus, welcome !

C’est donc la métaphore absurde (quoique…) de l’épidémie totalitariste qui est adapté façon petit théâtre de marionnette, avec un amour de l’auteur et du texte qui se ressent dès les premiers mots.
Entrée en matière. Une scène composée d’échelle, d’étagères, avec des boites aux noms variés. « L’épicerie », «le café », la petite rue symbolisée par une planche de travers en avant-scène. La didascalie initiale respectée à la virgule près (preuve en est, les comédiens la connaissent par cœur) rassure : on est entre de bonnes mains.
C’était pourtant pas gagné d’avance – surtout sur le premier acte : le nombre de personnages en jeu, leurs dialogues schizo-métronomique demandent un sens du tempo et une précision qu’on imagine mal adaptée aux trois comédiens marionnettistes. Grosse erreur, la maitrise de leur art, leur amour de la pièce transparait et magnifie tout.

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© Carole Parodi

Un délice du début à la fin. Car  Rhinocéros , c’est génial. Mais Rhinocéros  marionnettisé, c’est encore mieux.
La compagnie des Hélices se paie le luxe de proposer une scénographie qui rend les enjeux de la rhinocérite (l’épidémie absurde qui transforme les gens bien en rhinocéros assoiffés de destruction) encore plus clairs. L’utilisation de trois types de marionnettes (à tiges pour le premier acte, à gaines pour le deuxième, et frontale pour le troisième et quatrième) permet d’associer l’épidémie de rhinocérite à la montée en puissance des marionnettes : plus la maladie se répand, et plus les marionnettes s’imposent sur la scène, jusqu’à faire oublier leurs manipulateurs pourtant à vue.

Il y a tout de même une erreur de début d’article à rectifier. Les amateurs de syllogismes seront ravis, ceux de Ionesco aussi, mais pourquoi rester si sectaire ?

Amateurs de théâtre, welcome !


 

Informations pratiques

Auteur(s)
Eugène Ionesco

Mise en scène
Isabelle Matter

Avec
Khaled Khouri, Olivier Périat, Myriam Sintado

Dates
Du 9 au 10 mai 2017

Durée
1h30

Adresse
Maison des Métallos
94 rue Jean-Pierre Rimbaud
75011 Paris

http://www.maisondesmetallos.paris/prehome