« 3 CLOWNS », Au bonheur des clowns

3 clowns, mise en scène Laurent Barboux, Lionel Becimol, Alexandre Demay © Gilles Dantzer

« Au bonheur des clowns », oui. Après avoir vu le spectacle de ces 3 clowns, le mot bonheur ne peut que s’imposer. Au jeu du titre, un autre clin d’œil aurait été possible : « Le temps retrouvé »… Le temps de la prime enfance, de la découverte, de l’immédiateté. Lorsqu’un petit garçon d’autrefois découvrait, avec jubilation, les clowns Fratellini, puis, Zavatta, un peu plus tard, à « La piste aux étoiles ». Le bonheur de rire jusqu’aux larmes, le sentiment de liberté, de totale complicité avec ces « Augustes » qu’on ne voudrait jamais quitter parce qu’ils vous permettent d’échapper, en toute impunité, au monde des grandes personnes, plein de codes, de consignes et d’interdits… Avec les clowns, au moins, tout est permis ! Et puis, il y a du doré, du rouge, des étoiles argentées sur fond de nuit, le cercle magique de la piste et la musique, étincelante et nostalgique, qui se glisse dans votre oreille, jusqu’à ce qu’un jour… Répondant à un lointain appel, vous poussiez la porte du Théâtre Trévise, pour vous rendre à la rencontre de ces 3 clowns

Et là, c’est immédiat ! Vous ne pensez plus à rien. Le temps est aboli. Un sentiment de plénitude vous envahit. Votre place est forcément la bonne. Celle qui vous attendait. D’ailleurs eux aussi semblent vous attendre, puisqu’ils sont déjà là, sur la scène qui est aussi la loge où ils finissent de se maquiller et de se préparer. Autour d’eux, des costumes et un bric-à- brac d’accessoires prometteurs… Ils commencent à se chauffer, font quelques exercices qu’ils ratent, comme il se doit, et déjà vous riez aussi fort que le petit garçon blond, devant vous au premier rang. Le spectacle aurait-il commencé ? C’est probable, mais nos trois amis ont eu la délicatesse de nous laisser croire qu’ils le faisaient avec notre assentiment et notre amitié complice… Nous avons compris que nous avions devant nous Monsieur Lô, le clown Blanc, et les Augustes Messieurs Marcel et Airbus et la magie du cirque et du théâtre peut commencer à agir en toute liberté…

Une magie à laquelle ils nous font croire d’emblée tout en la démontant et en nous la racontant. Et c’est bien là le plaisir suprême de ce spectacle, nous conter l’histoire des clowns depuis leur apparition au début du XIXème siècle, les duos, les trios, les « entrées » (qui étaient, à l’origine, des intermèdes entre les autres numéros), leurs triomphes et leurs doutes. Tout cela sans en avoir l’air, mais en nous faisant comprendre que derrière tout cela il y a une discipline et une somme de travail quotidienne, pour aller plus loin, toujours plus loin, pour le bonheur du spectateur… Par exemple tomber en arrière avec sa chaise se fait en deux temps, ce qui devient le prétexte à toute une digression propre à déclencher les rires… Et, bien sûr, expliquer est encore une occasion supplémentaire de faire rire; qu’il s’agisse de la peau de banane, de la chaise qui poursuit Airbus, de l’œuf qui disparaît, reparaît, rebondit et qui, lorsqu’on est persuadé d’avoir compris, s’écrase fatalement sur la tête de Marcel qui enchaînera dans un flamenco hystérique, dont le crescendo final se terminera par une volée de guitare dans la figure… Comme ils le disent eux-mêmes : « Nous nous posons des questions, nous n’y répondons pas, nous jouons ».

Et voilà la parade ! La grosse caisse dont le rythme sourd fait remonter les émotions d’antan, le saxophone et la clarinette… Et le public heureux tape dans les mains et en redemande. Ce soir, il est au théâtre ! Mais il est aussi sur « la strada » la route, la roulotte, le chapiteau, avec les clowns de Fellini, avec les clowns de son enfance, avec les clowns de toute éternité… Et puis, il y a les grands moments, quand les personnages se dédoublent et que Marcel devient le ventriloque d’Airbus, les moments de doute quand le clown crie qu’il ne voit plus rien, qu’il n’y a rien, et que l’on rejoint Vladimir et Estragon les clowns de Beckett, et qu’ils finissent par se demander s’ils vont continuer encore longtemps à prendre des coups sur la gueule, même si c’est pour nous faire rire…

Mais vous vous doutez de la réponse… Monsieur Lô va mettre sa belle cape et prendre son saxophone, Marcel se transformera en danseuse étoile grotesque et sublime sous les doux yeux d’Airbus et ceux du public ravi, et la ronde des clowns, tout comme la ronde de la vie, pourra continuer son chemin…

Alors, si vous avez encore un doute, courrez vite au Théâtre Trévise avant qu’ils ne reprennent la route !…

3clowns5@Gilles Dantzer

3 clowns, mise en scène Laurent Barboux, Lionel Becimol, Alexandre Demay © Gilles Dantzer

Informations pratiques

3 CLOWNS – Cie Les Bleus de Travail

Mise en scène
Laurent Barboux, Lionel Becimol, Alexandre Demay

Interprétation
Laurent Barboux, Lionel Becimol, Alexandre Demay
Lumière Gilles Cornier
Costumes Nathalie Tomasina
Constructions et création sonore Lionel Becimol

Dates
Jusqu’au 27 mars 2023 au Théâtre Trévise, Paris
Le 15 décembre 2023 à 20h00 à l’Auditorium Angèle et Roger Tribouilloy à Bondy (93)
Du mercredi 20 au vendredi 23 décembre à 20h30 au Cirque électrique, Paris

Durée
1h15

Adresse
Théâtre Trévise
14 rue de Trévise
75009 Paris

Informations complémentaires

Théâtre Trévise
theatre-trevise.com

Compagnie Les Bleus de Travail
les.3clowns.free.fr