Un billet d’humeur de Camille Mouterde
Au croisement d’un mauvais film de science-fiction et de « C’est pas sorcier », un spectacle d’une vacuité infinie.
Animé par une très mauvaise conférencière, aux talents de comédienne proche de ceux de Fred et Jamy, projetée en hologramme (c’est à la mode !), « La Théorie des prodiges » nous emmène sur les traces de la naissance du monde, du « néant », de « l’infini », du « mystique » ou encore du « cosmos », thèmes qui sont aussi les titres de la dizaine de chapitres qui le compose.
Une structure d’une lourdeur inimaginable.
© Karl Biscuit
Chaque chapitre nous parle d’un prodige différent et se compose ainsi : un titre projeté, la présentatrice hologrammisée qui nous abreuve d’une explication pédagogique sur le sujet – aux fondements scientifiques parfois très douteux, et sur un ton des plus infantilisant – puis c’est le tour d’une mise en corps et image du sujet, sur musique lyrico-futuriste.
Le tout est arrosé d’une débauche de costumes aux influences baroques, entre « Le 5e élément » et l’univers du peintre Dali. Quand on a le second degré hilarant d’un Besson, ou la puissance évocatrice et la poésie d’un Dali, cela fonctionne. Ici on se croirait juste dans un mauvais « nanar ».
Et pour ajouter à l’illusion de nous présenter le spectacle du futur, nous assistons en prime à une avalanche de projections vidéo sur des écrans de tissus disposés sur 3 plans de profondeur, qui nous rappellent étrangement les GIF animés des fonds d’écran de Windows 95 : petites étoiles scintillantes, passages de comètes, ou schémas géométriques en mouvement…
© Karl Biscuit
Leur utilisation en est des plus superficielle, sans réel travail sur ce que ce tridimensionnel pourrait apporter.
Si prodige il y a, c’est cette façon de déployer autant de moyens pour remuer un « néant » aussi « infini », le tout sur un ton aussi explicatif et sans une once d’humour.
Nous assistons, démunis, à l’anéantissement de toute pensée et de poésie.
Un spectacle d’une prétention abyssale.
La Théorie des prodiges, un spectacle de Karl Biscuit et Marcia Barcellos,
Mise en scène, musique, conception vidéo Karl Biscuit
Chorégraphie Marcia Barcellos
Costumes Christian Burle assisté de Magalie Leportier
Graphisme Vincent de Chavanes
Avec Caroline Chaumont, Daphné Mauger, Mayra Morelli, Sara Pasquier, Agalie Vandamme (danseuses), Camille Joutard, Maéva Depollier (chanteuses), Florence Ricaud (comédienne)
Du 29 au 31 mars 2017
Théâtre National de Chaillot
1 place du Trocadéro
75116 Paris
http://theatre-chaillot.fr/systeme-castafiore-theorie-des-prodiges